Salta la linda et la quebrada d’Humahuaca
Nos débuts dans le nord-ouest de l’Argentine, depuis Humahuaca jusqu’à Salta.
La frontière argentine à Villazòn
Après les fabuleux Sud Lipez et Salar de Uyuni, il est temps de quitter la Bolivie pour le Nord argentin. On part avec Gaëlle (non, une autre) (comme si une c’était pas suffisant) et Dimitri, un couple rencontré 5 jours plus tôt. Pour passer la frontière, on ne nous propose qu’un bus côté Villazòn qui part 4 heures plus tard et la dame est formelle : il n’y a aucun bus du côté argentin, à La Quiaca, qui va jusqu’à Humahuaca, le village suivant où on veut aller.
Les frontières, on commence à les connaître un peu et quand le radar à entourloupes se met à clignoter tout rouge, c’est signe que ça pue la chaussette moisie ! Les nôtres ne sentent plus la rose depuis belle lurette. Mais, ce n’est pas parce qu’on commence à s’habituer à l’odeur qu’on veut renifler celles des autres ! On remercie donc ces gens bien intentionnés et on prend un taxi direction la frontière.
Le radar à entourloupes
Là, c’est le moment où on accélère le temps, car on est visiblement 7 millions à vouloir se rendre en Argentine ce jour-là. On passe la frontière pour arriver à La Quiaca et après avoir eu la fausse bonne idée de tenter de faire du stop à 4, à 17 heures et à 3 heures de route du prochain village, on se dirige vers la gare routière et là stupeur. Il y a des bus pour Humahuaca, plein par milliers ! Bon peut-être pas autant, mais il y en a au moins 3, ils sont deux fois moins chers et tout ça grâce à notre radar à entourloupes. C’est un modèle unique, mais on envisage de le commercialiser à notre retour. À « prix backpacker » bien évidemment.
Nous voilà partis vers cette nouvelle contrée mystérieuse qu’est l’Argentine, pays du tango, des gauchos et… des contrôles de gendarmes visiblement. On se fait arrêter pour un oui pour un non, on prend même peur quand on voit les gens du bus devant nous défaire leurs valises une par une et devoir tout ranger à nouveau. Mais le Dieu des contrôles routiers est de notre côté et nous oblige seulement à une présentation de passeport sans même lever une seule fesse de notre siège !
Humahuaca, sur la route de Salta
On arrive à Humahuaca vers 20 h, l’heure idéale pour faire la tournée des auberges ! Dimitri et Max partent en éclaireurs et reviennent avec deux dortoirs disponibles dans (à peu près) nos budgets respectifs. Ce sont les vacances d’hiver en Argentine, forcément les hôtels sont tous blindés et les prix sont revus à la hausse. Le Dieu des auberges pas chères nous a complètement laissés tomber en revanche ! On trouve une bonne auberge, dans un dortoir pour 8 et avec de l’eau chaude. Oui, de l’eau chaude. Juste comme ça, à disposition. En tournant un simple robinet. Après un mois en Bolivie, on a l’impression d’avoir trouvé un puits de pétrole !
La Serranìa de Hornocal
Le jour suivant, on se met en quête de la Serranìa de Hornocal, la montagne aux 14 couleurs. Si vous voulez en savoir plus, c’est une chaîne de montagnes qui culmine à 4700 mètres et des brouettes, c’est coloré et beau (#vendeursderêve). La voiture est obligatoire pour y aller, mais vu les prix proposés en ville (200 pesos/personne soit 10 €) on tente d’y aller en stop. On est pris au bout de 5 minutes par Matias et Tati, un couple d’Argentins de Buenos Aires venus passer leurs vacances dans le Nord. Il est conseillé d’y aller entre 14 et 16 heures pour avoir les plus belles couleurs.
Matias et Tati le savent et comme il est midi, ils nous emmènent d’abord vers un autre point de vue sur Humahuaca, on part ensuite pour celui d’Hornocal. On craignait un peu la répétition après Winicunca, la montagne aux 7 couleurs près de Cusco, au Pérou. Mais force est de constater que c’est un petit bijou. Après une petite marche jusqu’au mirador et la photo souvenir qui va avec (le chemin fait 300m, mais méfiez-vous, vous êtes à 4 300m d’altitude !), on retourne sur Humahuaca pour partager une bière tous ensemble.
On fait un tour de la ville qui est jolie, mais assez touristique avant de rentrer au bercail pour notre premier asado (barbecue argentin). La journée suivante sera off pour nous, car la côte de bœuf de la veille est plus coriace à digérer qu’à manger (surtout pour Max). Pendant ce temps-là, Dimitri et Gaëlle partent explorer les environs d’Uquia.
Tilcara, sur la route de Salta
Le lendemain, on a le prochain bled en ligne de mire : Tilcara ! On rappelle qu’on est en Argentine et que le stop est réputé être une bonne alternative. On part donc à 10 heures du matin, on se pointe à la sortie de la ville avec un panneau en carton, nos plus beaux sourires et on attend. À peine un quart d’heure plus tard, nous voilà tous les 4 dans l’utilitaire de Raymond et Josiane (nous tairons leurs noms d’abord pour l’anonymat, mais aussi parce qu’on ne les connaît pas) qui nous proposent direct un verre de blanc en guise d’accueil. On refuse poliment, puis on comprend qu’ils sont en train de se biturer littéralement au volant. Josiane s’en met plein le cornet puis sert Raymond qui peine à porter le gobelet à sa bouche tout en évitant les bus qui arrivent en face.
Il faut avouer qu’à 120 à l’heure c’est pas forcément évident ! Après quelques verres et frayeurs de plus, on demande à Raymond de s’arrêter pour nous laisser descendre, pas de réponse. On commence vraiment à avoir peur et on insiste encore plusieurs fois, mais toujours aucune réponse. Raymond s’enfile son 5e verre du voyage, en 20 minutes. Comme si de rien n’était. On n’entend que le rire mi-bourré, mi-satanique, minable de Josiane qui commence à être sérieusement amochée. On arrive finalement à Tilcara, après 40 km de route dans la voiture d’un « simili Depardieu Argentin postapéro » qui vient nous faire la bise comme si de rien n’était avant de repartir de plus belle avec sa serveuse à la place du mort…
Garganta del Diablo
Nous voilà à Tilcara, en vie. Après quelques recherches, on trouve 4 lits dans un dortoir… pour 14. La chambre contient des lits superposés sur les lits superposés, mais ça ira pour une nuit. L’après-midi, on part marcher jusqu’à la Garganta del Diablo, une cascade située au bout du canyon de Tilcara. Il faut environ 1 h 30 de marche pour arriver au mirador puis 30 minutes pour atteindre la cascade, mais l’entrée est payante et le niveau d’eau est très bas en hiver. On profite de la vue depuis le mirador avant de rentrer dans notre dortoir qui peut accueillir près de la moitié de la ville.
Pucarà de Tilcara
Au programme du lendemain, la Pucarà de Tilcara, une ancienne forteresse indienne avec une pyramide ajoutée à la fin par les architectes alors que personne n’avait rien demandé. On ne savait pas qu’ils étaient comme ça, nous, dans le milieu de l’architecture. En gros tu découvres des vestiges, tu te tapes tous les bibelots, les cailloux, etc. à la brosse à dents et à la fin tu te fais construire une petite pyramide au milieu des ruines pour t’autoremercier, tranquillement. Pépouze. À l’aise. La gratuité du lundi nous a poussés à y aller, mais le site n’est pas incontournable, selon nous. On quitte Tilcara qu’on a trouvée très (trop) touristique à notre goût, direction Purmamarca en stop.
Purmamarca, sur la route de Salta
À peine 15 minutes de pouce qu’on est déjà chargés tous les 4 à l’arrière d’une camionnette dirigée par des gens sobres, ça change ! 26 km plus tard, on arrive au petit village de Purmamarca et sa montagne aux 7 couleurs. Oui, toutes les montagnes environnantes sont belles et colorées (c’est la même chaîne) et chaque village essaye d’en tirer les bénéfices, quitte à annihiler toute authenticité.
On tombe cette fois sur un village de 700 habitants, qui semblent tous réunis sur la place centrale pour tenter de vendre tapis, babioles et souvenirs aux centaines de touristes de passage chaque jour. Inutile de venir ici en quête de tranquillité, il y a plus d’effervescence qu’au salon de l’aspirine dans ce village ! On fait le tour rapide des hébergements pour constater qu’ils sont en accord avec l’ambiance du lieu : chers ! On passe la nuit dans un dortoir à l’entrée du village avant de repartir pour la plus grande ville du nord de l’Argentine : Salta !
Flop en stop !
Pour faire les 180 km qui nous séparent de Salta, on part tôt le matin, car on décide d’y aller en stop. On marche les 3 km qui nous séparent de la route nationale puis on attend là, au milieu de rien. À quatre, on pense que la journée sera longue… Elle l’est, après 1 h 30 à regarder les voitures passer comme les vaches le font avec les trains, on décide d’arrêter un bus et de payer pour y aller, tant pis pour les économies ! Le problème est que même les bus ne s’arrêtent pas, ils font des signes incompréhensibles en montrant le bord de la route où un A 380 pourrait atterrir en toute sérénité.
Un chauffeur de camionnette passe même devant nous, s’arrête prendre deux Argentins qui font du stop 500 mètres plus loin et repart, avec une dizaine de sièges vides. On hallucine ! On reste là 3 heures de plus, soit 5 heures au total, à danser, à tenter des figures originales ou des jongles en équilibre sur un caillou par Dimitri pour attirer leur attention. Rien ne marche, les saltimbanques que nous sommes devenus ne récoltent que des rires et des applaudissements. On se résigne à aller demander de l’aide aux gendarmes du coin, quand un bus s’arrête enfin. On le prend jusqu’à la ville d’après, Jujuy (prononcer rourouille) d’où on prend un bus pour Salta. Aucune personne bourrée ne nous a pris en stop aujourd’hui, aucune personne tout court…
Salta la linda !
On arrive à Salta en début de soirée, vers 21 h. Jorge, le CouchSurfer de Gaëlle & Dimitri (service d’hébergement temporaire et gratuit de personne à personne), nous propose de nous héberger aussi. On accepte et on marche jusqu’à chez lui, un appartement en mode bric-à-brac où il héberge déjà un Italien et un Argentin dans l’unique pièce où il n’y a qu’un lit une place… On est fatigués et plutôt sales, mais on suit Sabato l’Italien. Il nous propose de passer la soirée à la Casona del Molino, une peña (restaurant/bar folklorique où des musiciens viennent jouer et chanter avec leurs propres instruments). L’établissement comporte plusieurs salles avec chacune son ambiance.
On y passe une soirée géniale, dans un endroit ancien et typique, entre barbecue, bon vin et musique folklorique argentine. Après le repas, en milieu de soirée, on termine dans une salle remplie de gitans dont les notes et les chants sont entrecoupés de grands discours à la gloire de Salta par papi Tournirou (on ne savait pas trop comment l’appeler), le Parrain de cette grande famille. De grands discours que chacun écoute attentivement ou passionnément (on était passionnés dès les premiers mots nous) et surtout que chacun applaudit avant de reprendre la musique et les chants. Après cette soirée (un peu trop) arrosée, on est déjà sous le charme de la Casona del Molino et de Salta, ciudad de mi corazòn (Salta, ville de mon cœur) comme la surnomme avec amour papi Tournirou.
7 à la maison
Le lendemain, dur de se lever. On a tellement la gueule de bois que seul un menuisier pourrait nous aider et on meuble au milieu du salon/chambre/cuisine/buanderie de Jorge. Journée off dont le seul effort consiste à aller au Macédonio Café, un restaurant conseillé par Sabato. Au retour, on décide de chercher un appartement sur Airbnb pour éviter de dormir par terre une nuit de plus.
Remake de 7 à la maison, chez Jorge.
On passe les deux jours suivants à visiter Salta, à se reposer et à se concocter de bons petits plats maison. On retourne même au Macédonio Café où les gérants avec qui on a sympathisé la première fois se mettent eux aussi à sortir les guitares et à chanter. Une maladie contagieuse apparemment, dans cette ville.
Retour à la Casona
Avant de poursuivre notre chemin, on souhaite finir en beauté. On file passer notre dernière soirée à la Casona del Molino, avec papi Tournirou et la famille. Sans réservation, on constate qu’il y a 3 fois plus de monde le vendredi. Après une heure d’attente et avoir tenté d’expliquer qu’on était devenus amis avec à peu près la moitié de la ville présente lors de notre première soirée, on passe enfin à table. Il est minuit, mais c’est à ce moment-là que l’ambiance devient meilleure. Tournirou et la famiglia ne sont pas là ce soir-là. On est déçus, mais on en profite jusqu’au bout.
Ici, il est rare de croiser des gringos. En général, ce sont des habitués et des Argentins de passage qu’on y trouve. Dans chaque salle, on baigne dans l’ambiance et le folklore. On fait des rencontres et on applaudit pour accompagner les talentueux musiciens venus des quatre coins de la ville. On n’a pas visité grand-chose de Salta. Mais on a pris une bonne grosse bouffée de folklore et d’authenticité argentine à la Casona del Molino. On ne peut que vous conseiller cet endroit, car ça fait vraiment du bien !
Adios Salta
On reste une journée de plus pour se remettre de nos émotions. Après toutes ces aventures, notre quatuor infernal se sépare, Gaëlle et Dimitri partent vers Buenos Aires, tout doucement, où ils prendront l’avion fin août pour la France. Nous on part vers Mendoza puis Santiago, au Chili. Lorsque l’on reviendra en Argentine, on sera en Patagonie.
Marchez sur nos pas !
1 € = 20,80 Pesos argentins (ARS)
Dormir à Salta
- Humahuacasa, à Humahuaca : 200 ARS (9,60 €) le lit en dortoir mixte de 8 personnes. Avec wifi (pas dans la chambre), cuisine, barbecue et petit déjeuner copieux. Super endroit.
- Tierra Andina, à Tilcara : 200 ARS (9,60 €) le lit en dortoir mixte de 14 personnes. Avec wifi, cuisine et petit déjeuner. Cher pour ce que c’est !
- Hostal de Siete Colores, à Purmamarca : 150 ARS (7,20 €) le lit en dortoir mixte de 8 personnes. Pas de wifi ni de cuisine, mais un barbecue. Situé à l’entrée du village, le moins cher qu’on ait trouvé.
- Airbnb Bella Vista 3, à Salta : 1136 ARS (54,60 €) la nuit dans un appartement pour 4. Propre, bien équipé, wifi, top et bien situé. Seul hic : Pas de poêle !
- Airbnb Churito II, à Salta : 925 ARS (44,50 €) la nuit dans un appartement pour 4. Encore mieux que le premier, avec un poêle.
Manger à Salta
- Matias, à Humahuaca : une bonne alternative pour manger pas cher. Beaucoup d’attente cependant.
- La Chueca, à Tilcara : des portions énormes pour un prix dérisoire. On prenait une assiette pour deux !
- La Casona del Molino, à Salta : de la viande, du vin et du folklore, notre coup de cœur à Salta ! Pour s’y rendre il faut prendre le bus 5A et demander la Casona del Molino au chauffeur ou aux gens. La carte de transport est obligatoire. Mais on peut payer en donnant du liquide aux gens qui ont la carte. Il suffit de demander, on a payé l’aller 20 ARS pour 4 (1 €).
- Macédonio Café, à Salta : des pizzas sur mesure, des empañadas et un menu pas cher du tout. Tout est très bon. Deux gérants très ouverts et sympathiques, à découvrir !
- Le reste du temps, on s’est fait à manger nous-mêmes. Ce qui permet de faire pas mal d’économies en Argentine.
Les visites
- Serranìa de Hornocal : 50 ARS/voiture (2,40 €).
- Garganta del Diablo : 20 ARS/p. (1 €).
- Pucarà de Tilcara : 100 ARS/p. (5 €), gratuit le lundi.
- Le Wifi est proposé gratuitement sur chaque place de Salta.
Les transports
- Taxi du Nuevo terminal de Villazòn jusqu’à la frontière : 4 BOB/p. (0,30 €).
- Bus La Quiaca – Humahuaca : 100 ARS/p. (5 €), 3 heures.
- Bus Purmamarca – Jujuy : 30 ARS/p. (1,45 €), 1 heure.
- Bus Jujuy – Salta : 175 ARS/p. (8,40 €), 2 heures avec la compagnie Balut.
Comments (2)
Je vous découvre en cherchant des infos sur Salta : vous m’avez BEAUCOUP fait rire. J’adore 🙂
Génial, nous on adore ce genre de commentaires. Merci beaucoup 🙂