Mont Fitz Roy : into the Wild en Patagonie
Nous avons passé 5 jours à El Chaltén pour aller voir le mont Fitz Roy.
Mont Fitz Roy : Into the Wild en Patagonie
El Chaltén est l’un des incontournables de Patagonie, le Paradis des randonneurs. Le mont Fitz Roy, lui, est à l’escalade ce que Zizou est au football français : le top du top, La Mecque de la varappe, le nec plus ultra de l’ascension. On aurait bien tenté l’escalade, mais Max est tellement à l’aise en baudrier qu’on dirait une poule en équitation. Vous n’avez pas besoin de voir ça. Et puis c’est surtout l’un des sommets les plus durs au monde à escalader, accessoirement, donc on ira en marchant. Bienvenue à El Chaltén.
El Chaltén of the Dead
Si la Patagonie est le troisième lieu habité au monde où il y a le moins d’habitants au kilomètre carré après l’Alaska et la Sibérie, El Chaltén est le lieu habité où il y a le moins d’êtres humains au kilomètre carré dans le troisième lieu habité au monde où il y a le moins d’habitants au kilomètre carré. En clair : y’a pas un chat !
On y dénombre 500 habitants dont les trois quarts se font la malle avant même que le premier flocon de neige n’ait pu poser ses fesses gelées sur le bitume craquelé. Notre hébergement fournit des petits studios à 26 € la nuit (prix en basse saison) avec tout ce qu’il faut pour se sentir bien chez soi et une cuisine complète. On vous passe les détails sur les gratins dauphinois, pâtes carbo et blanquettes de veau au menu de cette semaine, les rayons sont remplis à proportion égale avec le village…
« Coucou, je suis le rayon promo de la supérette. Bisous. »
Gaëlle, après 3 jours de pâtes.
Laisse pas traîner ton Fitz !
Ce clin d’œil totalement assumé à un célèbre titre de rap des années 90 colle tout à fait au lieu et à sa météo. Si vous voulez voir le mont Fitz Roy, surtout en hiver, on vous conseille de rester le nez collé à la vitre, chaussures chaussées, gants gantés et bonnet bonneté, prêt à partir au premier ciel bleu qui se dévoile. Car vous n’aurez peut-être pas de seconde chance, la Patagonie, ça ne rigole pas ! Il peut très bien neiger pendant 5 jours malgré le bronzage tahitien promis par la Évelyne Dhéliat locale. C’est donc dès notre second jour et par un superbe temps que l’on part pour le trek de la laguna de los Tres, dominée par le mont Fitz Roy (appelé aussi Cerro Chaltén).
Dès que tu vois un rayon de soleil, ne réfléchis pas. Cours Forest !!!
La Laguna de los Tres
On part dès 9 heures du matin pour la randonnée principale au départ d’El Chaltén. La glace et la neige sont présentes tout le long du chemin qui traverse la forêt et nous obligent parfois à quelques acrobaties pour ne pas se mouiller, mais nos pieds ne restent pas longtemps secs. Après le premier kilomètre, le mirador Rio de las Vueltas nous offre les prémices de paysages spectaculaires.
Au bout de trois kilomètres, le chemin se sépare en deux proposant la laguna Capri en partant à gauche ou le mirador avec vue sur le mont Fitz Roy en allant à droite. On choisit le mirador, car le ciel est encore dégagé et les nuages peuvent arriver très vite, on passera par le côté de la laguna au retour. Arrivés au mirador, on a la chance de pouvoir contempler le mont Fitz Roy malgré un petit voile posé juste devant son sommet.
En route vers le mont Fitz Roy
Jusqu’au neuvième kilomètre, la balade est plutôt tranquille. On traverse des lacs gelés grâce à des pontons de bois et quand on n’est pas en pleine forêt enneigée, on bénéficie d’une vue magistrale sur la vallée et le glacier Marconi.
Ci-dessous un Pic de Magellan, cousin patagon du pic vert.
À gauche, en bleu, le glacier Marconi.
L’impossible Mont Fitz Roy
On attaque le dernier kilomètre qui est beaucoup plus dur. La pente est très raide et des panneaux avertissent de bien calculer son temps pour être sûr de revenir au village avant la nuit. Plus on monte en direction de la laguna, plus le chemin est pentu et la neige profonde. Après 40 minutes d’ascension et à 20 mètres du sommet qui cache l’une des plus belles vues du monde, on est contraints d’abandonner, car la couche de neige devient vraiment trop profonde et la glace recouvre quasiment tout le sommet.
C’est l’une des plus grandes frustrations de notre voyage, mais on est quand même contents d’avoir pu contempler le Fitz Roy et on a bénéficié d’un temps clément qui nous a laissés profiter de toute cette nature presque inviolée et d’une beauté rare.
Le dernier kilomètre.
Vues depuis notre point le plus haut.
On redescend pour manger au pied de notre échec en compagnie d’un couple de Caracaras huppés, l’aigle patagon. On fait le retour assez rapidement pour arriver avant la nuit, on a mis 7 h 30 pour faire les 20 km aller-retour incluant les pauses photo et celle pour manger, mais en échouant tout près du sommet.
Mont Fitz Roy : cash cash à El Chaltén
Le lendemain est décrété jour férié dans tout El Chaltén par Universlemonde, car Max se repose d’un genou droit devenu douloureux en fin de randonnée (11 mois qu’il ne disait rien et voilà qu’il se réveille, 30 ans ce n’est pas un âge facile) et le temps est redevenu normal en Patagonie : neige, pluie, vent, etc. On nous demande de régler nos nuits d’hôtel, on peut payer par carte, mais uniquement avec Visa or c’est sur la Mastercard qu’on n’a pas de frais, on choisit donc de payer en cash.
L’après-midi, on part faire une autre balade de deux heures en direction des miradors de los Condores. On voit quelques condors au loin qui disparaissent quand on arrive au sommet, sympa les gars ! La balade est très facile, on domine la ville et la vue est belle, mais le genou de Max est toujours un peu douloureux.
On a besoin de liquide pour compléter nos courses. Donc, sur le chemin du retour, on passe à la gare. Le seul distributeur du village s’y trouve. La banque a mis la clé sous la porte. On n’est pas experts en finance. Mais quand une banque se tire d’un village paumé en général, ça sent pas bon. On tente de retirer, rien ne sort. On retente et reretente :
- avec la Visa,
- la Mastercard,
- doucement,
- rapidement,
- sur une jambe,
- 1 000 pesos,
- 600 pesos (entre 30 et 50 €),
- compte courant,
- compte épargne ,
- compte pas là-dessus impossible de retirer.
La carte muette
On demande au point info où on nous dit que dans cette banque, les cartes étrangères ne passent pas à cause de la puce. Sauf que, dans cette banque, ça fait un mois qu’on retire. Donc soit notre carte arrive à berner les autres machines soit la banque se fout royalement des étrangers. Après mûre réflexion, on opte pour la seconde solution.
En Inde, on avait réussi à payer par carte contre du liquide dans un magasin. Sauf que là ce n’est pas Gorakhpur ou Agra, villes indiennes débordant d’activités et d’êtres humains, c’est El Chaltén, mesdames et messieurs. C’est-à-dire que tes espoirs reposent sur … 3 magasins incluant le supermarché dont le boitier carte bleue est inutilisable à cause d’une panne d’internet. Comme on a beaucoup d’idées (ça en général ça va), on demande à notre hôtel si on peut récupérer le liquide et payer par carte, mais comme on a beaucoup de chance (heu ça non en fait) ils nous répondent qu’ils viennent de tout déposer à la banque. À El Calafate. À 2 heures de route.
Argent !
On commence à être dépités quand un petit vieux croisé dans le supermarché vient nous donner son adresse et nous propose de venir boire un café, manger ou rester au chaud. On ne s’attendait pas du tout à ça, on est vraiment bluffés. Moment gênant #1. On refuse poliment quand la gérante du supermarché nous appelle et nous propose de nous payer nos courses. Moment gênant #2. On refuse d’abord, puis on accepte à condition qu’elle nous donne un RIB pour qu’on la rembourse. Elle refuse d’abord, puis elle accepte, mais si on ne la rembourse pas ce n’est pas grave. Apparemment le petit Jésus a jugé que c’était le moment de payer sa bonne étoile, on s’offre un petit déjeuner, de quoi manger les deux derniers jours et ça fait bizarre d’écrire cette phrase.
L’après-midi (oui chercher de l’argent ça prend du temps alors on est déjà l’après-midi), on fait 3 km à pieds pour voir Chorillo del Salto. Une cascade de 20 mètres de haut. C’est à voir, voilà. Info utile si vous êtes en panne de baskets : On peut y aller en voiture. On ne vous fait pas le topo du dernier jour, on avait prévu la balade de 6 heures aller-retour jusqu’à la Laguna Torre, mais le mauvais temps a raison de nous, on reste au chaud pour mettre le blog à jour. Le lendemain on retourne à El Calafate, d’où on prendra un bus pour Puerto Natales et le parc national Torres del Paine, au Chili.
El Chaltén & le mont Fitz Roy
Si vous voulez notre avis, El Chaltén est un incontournable de Patagonie. On ne parle pas du village, même si on ne veut pas enfoncer le clou, car certains habitants ont été adorables avec nous, c’est un peu le royaume des morts en hiver et on aimerait savoir ce que ça vaut en été. Si quelqu’un dans la salle a un avis, qu’il commente ou se taise à jamais. Le parc national Los Glaciares est incroyablement bien entretenu et tout est fait pour que la faune et la flore vivent en paix.
Les sentiers sont balisés, mais discrètement si bien qu’on ne peut jamais se perdre tout en ayant l’impression d’être dans une nature laissée à l’état sauvage (même les toilettes sont de couleur camouflage). Même si l’on n’a pas pu aller jusqu’au bout, le trek de la Laguna de los Tres restera l’un de nos préférés avec la récompense d’un mont Fitz Roy presque à découvert face à l’immensité d’une vallée de glace et de neige où nous étions seuls. La Patagonie captive nos yeux et capture nos cœurs, les jours passent et les mots nous manquent…
Marchez sur nos pas !
1 € = 20,30 Pesos argentins (ARS)
Tous les horaires et tarifs correspondent à la période hivernale.
Dormir à El Chaltén
- Complejo Como Vaca : 532 ARS (26 €) le studio complet avec Wifi. Le top avec un salon, une cuisine, des placards, etc. Un vrai appart’ dans lequel nous avons retrouvé une vie normale pendant 5 jours.
Les visites
- Le parc national Los Glaciares : c’est le même parc que le Perito Moreno, sauf que ce côté-là est gratuit. On n’a pas compris pourquoi, mais tant mieux. On a simplement eu droit à une petite carte bien détaillée. On a eu aussi un speech du ranger concernant la sécurité et les choses à savoir sur le parc à notre arrivée au village.
Les transports
- El Calafate – El Chaltén : 900 ARS/p. (44 €) l’aller-retour avec un retour sans date à réserver jusqu’à 24 heures avant avec Cal Tur, 2 h 30. Il y a des bus tous les jours à 8 h et 17 h dans les deux sens.
- Taxe à la gare de El Calafate : 10 ARS/p. (0,50 €).
- Taxe à la gare de El Chaltén : 20 ARS/p. (1 €).
Comments (4)
Super article encore une fois! Nous sommes en préparation de notre tour du monde en famille à l’été 2018 et nous vous suivons religieusement. Vos infos sont très utiles et en plus, votre ton est délirant. En attente du prochain article.
Merci beaucoup, ça tombe bien on adore être suivis ! 🙂
On vous souhaite un beau tour du monde, en famille ça va être génial !
Magnifique ces vues d’hiver et bravo pour la détermination…
En été il y a tant de monde que c’est contingenté vous avez eu la bon côté des choses. Bonne suite et on sent que la rando, les marches escarpées, des sentiers n’ont plus de secret pour vous, juste un genou qui se rappelle à votre attention !!!ù
Bonne suite et merci pour tout le travail du blog. BiseS. Elisabeth
Bizarrement, tous ces beaux paysages on y prend goût ! 😀 Merci pour le commentaire, on espère que vous allez bien. A très vite 😉