Perito Moreno : le glacier vivant
Suite de nos aventures en Patagonie, de Perito Moreno à Perito Moreno (ce n’est pas une faute de frappe).
Perito Moreno, déjà la fin du monde ?
Après nos premiers jours en Patagonie à Bariloche, on veut repasser du côté chilien. On a pour objectif les cathédrales de marbre, à 800 km plus au Sud. Elles se situent au large du petit village de Puerto Rio Tranquillo. Le lac General Carrera, lac Buenos Aires côté argentin, est le deuxième plus grand lac d’Amérique du Sud après le lac Titicaca. Ces cathédrales sont de vraies merveilles façonnées depuis plus de 6 000 ans par la nature elle-même.
Pour rejoindre Puerto Rio Tranquillo, un joli parcours du combattant nous attend :
- il faut d’abord faire 780 km en 12 heures de bus depuis Bariloche pour rejoindre le village de Perito Moreno,
- depuis Perito Moreno, il faut prendre le bus pour aller à Los Antiguos à 58 km à l’Ouest,
- de là,
prendre un taxi, faire du stop pour passer la frontière et arriver à Chile Chico, 14 km plus loin, - de Chile Chico, il nous reste 4 heures de bus avant d’arriver à Puerto Rio Tranquillo.
On vous met une photo en avant-première pour vous montrer qu’on ne fait pas tout ce chemin pour rien, on ne va pas à Limoges là !
Le Grand Sud
Si l’on en croit notre ticket de bus, on doit arriver à 18 h 30 à Perito Moreno. On prévoit donc de s’installer dans un hébergement digne de ce nom sur les coups de 19 heures grand maximum. Déjà, ça commence mal. On va devoir rester enfermés pendant douze heures de jour dans un bus. D’habitude, on préfère les bus de nuit. Ça permet d’économiser une nuit d’hôtel et puis on dort donc ça passe plus vite. Là, c’est Max qui parle, car pour Gaëlle c’est le pays des rêves assuré. Le seul véhicule où elle ne s’endort pas, c’est le grand 8. Et encore, elle serait capable de taper une sieste pendant les 3 secondes avant le décollage !
Nous partons donc de jour. Après quelques heures de route patagone, on est finalement bien contents d’avaler ces paysages grandioses. Les quatre saisons qui défilent devant notre pare-brise chaque heure. La Patagonie nous sert ses grands espaces sur un plateau tour à tour arrosés de pluie, grêle, neige et soleil accompagnés par le vent, comme pour nous montrer qu’elle tient à sa réputation. On est ébahis et Gaëlle ne dort plus. Doublement ébahis !
Papiers, siouplaît !
On s’arrête au contrôle de police habituel en Argentine. Après un rapide contrôle de passeports « c’est bon mec, t’inquiète on est Français », on passe à l’attente. Mais quand on parle d’attente, ce n’est pas l’attente de deux minutes derrière Germaine qui vient de te piquer la dernière baguette pas trop cuite, non.
C’est l’attente qu’on t’annonce longue de 3 minutes alors qu’il t’en faudra 18 de plus avec Coldplay en boucle pour parler à ton banquier, celle où tu vieillis de deux ans parce qu’il n’y a qu’un guichet sur quinze ouvert à La Poste, celle de la station-service le jour où t’as cru Jean-Pierre Pernaud qui annonçait une pénurie imminente suite à la grève des camionneurs. L’interminable, l’éternelle, l’infinie attente avec un grand A !
La taxe manquante
C’est après 2 h 30 et les prémices d’une décomposition due à notre état stationnaire, que le chauffeur vient nous annoncer le pourquoi du comment : sa compagnie n’aurait pas payé une taxe. On ne pourra repartir que lorsque le fax de paiement sera arrivé dans le bureau des flics.
On paye 80 € un ticket pour prendre le bus d’une compagnie qui ne paye pas ses impôts, mais que fait la police ?? Ah oui, ils attendent le fax. Sauvés !
Le village de Perito Moreno
Quelques minutes et un fax plus tard, nous voici à Perito Moreno, il est 21 heures. Ambiance glauque dans ce microvillage où les rues se comptent sur les doigts d’une main et les chiens errants sont plus nombreux que les habitants. On se retrouve seuls dans un hôtel de 32 chambres, cher, mais tenu par un couple très chaleureux à qui on apprend à se servir d’un boîtier carte bleue. Faute de cuisine, de supérettes ou de restaurants, on mange dans un comedor. Une « cuisine du peuple » qui sert aussi pour les mariages et réceptions en tout genre, soit tous les 36 avril à Perito Moreno. Pour ce soir, pas d’extravagances : on va se coucher !
Collection lieux de tournage de films cultes, ici Coup de foudre à Perito Moreno.
Des tours de bus
On ne va pas faire durer cet insoutenable suspense plus longtemps. Les cathédrales de marbre, on n’en a pas vu l’ombre d’une seule, ni de près ni de loin. La faute à pas de bus pour Los Antiguos à cause de la neige et à pas de bateau sur le lac General Carrera à cause du vent. On sèche nos larmes et on se résigne à poursuivre notre route en direction d’El Chalten, la capitale de la randonnée en Argentine, notre étape suivante. El Chalten n’est qu’à 580 km et 7 heures de bus, mais la route 40 qui y mène est fermée en hiver.
Il faut attendre 15 h 30, prendre 3 bus différents et faire un détour de 1 500 km en 19 heures pour arriver à El Calafate, ville du Perito Moreno (le glacier), puis prendre un autre bus pour aller à El Chalten. Le combo parfait qui te flingue ta journée à 9 heures du matin à Perito Moreno (le village). Comme El Calafate était initialement notre étape d’après El Chalten et que faire plus de 19 heures de bus ne serait pas pour nous déplaire, mais on ne voudrait pas abuser, on s’arrête d’abord à El Calafate pour voir le Perito Moreno (le glacier), on ira à El Chalten après.
En long, en large et en travers
Comme la moitié d’entre vous s’est endormie pendant que l’autre n’a rien compris, on vous a fait un petit croquis de notre joli détour en Patagonie :
- en bleu, le chemin d’été,
- en rouge, le détour d’hiver,
- autour, les océans.
El Calafate, la ville du Perito Moreno
En arrivant à la gare d’El Calafate, on nous informe qu’il n’y a pas de bus pour aller voir le glacier les mardis et mercredis de chaque semaine. Là, vous vous demandez « Mais pourquoi le fermer les mardis et mercredis ? » Nous aussi on se le demandait, mais comme on vient d’apprendre qu’on est dimanche soit le jour précédant le lundi qui est lui-même un jour d’ouverture, cette question n’est plus d’une importance capitale à nos yeux. On se dit surtout qu’on vient de traverser toute la Patagonie pour voir un glaçon de 70 mètres de haut, il a intérêt à être à la hauteur !
El Calafate en plein hiver, c’est pas vraiment l’extase, mais on y est plutôt tranquilles. Le second avantage d’y aller en basse saison, ce sont les prix. On trouve une chambre double avec cuisine et salle de bain partagées (on est seuls dans l’hôtel) pour 15 € alors que pour le même prix on aurait un lit dans un dortoir pour 6 en été ! Des hôtels disséminés un peu partout, une rue principale remplie de commerces aux prix très peu attractifs et presque personne. Voilà pour la visite de la ville. Désolés, on ne s’attarde pas, car il n’y a pas grand-chose de plus à dire et puis on n’est pas venus pour beurrer les sandwichs !
Le Perito Moreno
On prend le bus du lendemain matin pour aller voir le glacier le plus réputé de Patagonie. Deux couples de Toulousains nous accompagnent. Et nous rencontrons Niradj qui s’autosurnomme Pepe, un Indien qui vit au Canada. On s’entend bien avec les Indiens en général, parce que l’Inde est un pays fou, peuplé par des fous qui nous ont rendus fous. Celui-là ne déroge pas à la règle. On met 1 heure et 30 minutes à parcourir les 80 km qui séparent El Calafate du Perito Moreno.
La pluie est de la partie, mais on ne résiste pas à aller le voir en bateau. Il fait 30 km de long pour 5 de large et mesure 170 mètres de haut, dont 74 émergés. Par sécurité, le bateau ne peut s’approcher à moins de 300 mètres du glacier et on a du mal à se rendre compte de sa taille réelle, mais cette balade en bateau est un pur bonheur que la pluie n’a pas réussi à entacher.
Face au géant de glace
La suite de la visite se déroule sur les passerelles construites en face du glacier. Elles offrent tous les points de vue possibles. Il est l’un des seuls glaciers du champ de glace Sud de Patagonie à avancer. Il progresse de 2 mètres par jour. La péninsule de Magellan vient buter dessus, coupant le lago Argentino en deux.
Ce géant de glace, dont la teinte est bleutée par la lumière du soleil, est impressionnant de face. On peut enfin se rendre compte de sa taille réelle. Il est haut comme un immeuble d’une vingtaine d’étages. Il « rugit » à chaque mouvement. D’énormes blocs de glace tombent parfois et créent de grandes vagues. Ils deviennent ensuite des icebergs. Il paraît vivant et continue de s’exprimer tout au long de la visite. On se sent d’un coup tout petits face à cette nature et son caractère.
Le glacier Perito Moreno
Le Perito Moreno nous a scotchés par sa grandeur. Il es tellement beau et majestueux. On ne peut en faire que des éloges. On nous met là, face à une nature qui vit. Elle avance comme pour nous rappeler que c’est encore elle qui commande. Nous ne pouvons que nous réjouir de pouvoir assister à un tel spectacle. La visite par les passerelles nécessite 3 heures pour en profiter pleinement. Ensuite, on vous conseille de redescendre au parking par la route. Cela permet de profiter d’une autre superbe vue sur le lago Argentino. On termine de la plus belle des manières cette journée rafraîchissante.
Marchez sur nos pas !
1 € = 20,30 Pesos argentins (ARS)
Tous les horaires et tarifs correspondent à la période hivernale.
Dormir à El Calafate
- Lago Buenos Aires, à Perito Moreno : 800 ARS (39,40 €) la chambre double avec salle de bain et petit déjeuner. C’est très cher, mais top et de toute façon tout est plus cher à Perito Moreno.
- Hostel de la Manos, à El Calafate : 300 ARS (14,80 €) la chambre double avec salle de bain et cuisine partagées. Super hôtel, pas cher, et on était seuls !
Les transports
- Bariloche – Perito Moreno : 1 268 ARS/p. (62,50 €) avec Taqsa Marga, 12 heures.
- Perito Moreno – Caleta Olivia : 368 ARS/p. (18,15 €) avec Sportman, 5 heures.
- Caleta Olivia – Rio Gallegos : 948 ARS/p. (46,75 €) avec Andesmar, 10 heures.
- Rio Gallegos – El Calafate : 360 ARS/p. (17,75 €) avec Taqsa Marga, 4 heures.
- El Calafate – Glacier Perito Moreno : 400 ARS/p. l’aller-retour (19,70 €), 1 h 30 l’aller.
Les visites
- Parc national Los Glaciares incluant l’accès aux passerelles face au Perito Moreno : 500 ARS/p. (24,60 €).
- Tour d’une heure en bateau face au glacier Perito Moreno : 500 ARS/p. (24,60 €).
Attention : on ne peut pas payer par carte. Ni pour prendre le bus qui va au glacier, ni l’entrée du parc national, ni le tour en bateau. Pensez à prévoir du liquide.
Comments (4)
Salut,
On part là bas dans 2 semaines avec ma femme et je voulais savoir si vous pouviez m’indiquer par qui vous étiez passés pour le tour en bateau au Perito Moreno.
Pour le moment on a trouvé que des excursions à 200€ / personne …
Merci d’avance ! 😉
Bonjour,
On a pris l’excursion directement à l’arrivée sur place. Le prix que vous avez vu est certainement pour aller marcher dessus avec une agence située à El Calafate. Bon voyage ! 😉
Il ne doit pas avoir beaucoup de moustique dans cette partie du monde.
Me trompe je ?
Bravo encore pour le récit et les photos
On est tranquilles niveau moustiques mais de toute façon on se balade avec doudounes, bonnets et gants alors on les attend ! 😀
Merci tonton, bisous.