Skopje : la grande dallée avec plein de statues
Le truc qui frappe lors des dix-sept minutes qui suffisent à faire le tour de Skopje : le nombre de statues posées. Les gars ont dû avoir un sacré rabais à La Halle aux Statues du coin. Ou alors, Michel de la logistique a attendu l’afterwork de lundi soir pour passer la commande annuelle des stylos de la mairie.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, sache que ça se prononce « Skopié » et non pas « Skopjeu » comme je le disais avant d’être un peu plus culturé. Maintenant que nos mâchoires peuvent garder des positions confortables pour parler de Skopje, faisons le tour du proprio !
Skopje : la ville qui voulait un statut
Comme je suis un gars qui aime se mouiller et prendre des risques en cliquant là où personne n’ose mettre le clavier, j’ai interrogé Google. Après une enquête menée tambour battant pendant trois minutes, j’apprends que c’est m’sieur le maire qui avait lancé le projet « Skopje 2014 » en 2008. À savoir, inonder la ville de statues et attendre que les touristes débarquent par paquets de cinquante-huit pour placer Skopje en haut de la liste des places to be avec Paris, New York et Angers.
Philippe II de Macédoine et la Fontaine des Mères de Macédoine au premier plan.
Ce sont désormais 136 statues – je me suis arrêté de compter à 82 – qui se pavanent aux yeux de tous. J’ai du respect pour la Macédoine du Nord. Mais je doute fortement que 136 personnes méritent d’avoir une statue. Surtout dans un pays qui ne compte pas encore 2 millions d’habitants.
Il y a donc forcément des personnes connues, comme Mère Teresa, le Tsar Samuel et l’empereur Justinien. Parmi les gens inconnus, je retiens le mec qui joue du violon, le gars qui tient une lampe torche et les lambda qui font acte de présence sur les ponts et les balcons de la ville. Je les ai trouvées assez moches, pour la plupart, mais il est vrai que ce n’est pas facile de sculpter de belles statues. N’est pas Victor Hugo qui veut !
NB : la dernière phrase est une blague, je sais qui est Victor Hugo. J’ai tous ses albums à la maison.
Ci-dessus : la maison mémorial de Mère Teresa, née à Skopje.
Ci-dessous : le menu maxi best of les Statues de Skopje.
Alexandre qui ?
Si t’es déjà passé par Skopje, que tu as déjà constaté sa tronche de magasin de statues pour salon kitch de la Rome Antique, tu te dis que j’ai oublié la statue principale. Que nenni, mon bon lecteur ! J’ai bien vu la statue d’Alexandre le Grand. Seulement, les Grecs ont entendu des bruits qui couraient sur des légendes qui prétendaient que les rumeurs disaient vrai quant à la dénomination d’une telle statue.
La Grèce avait déjà obligé la Macédoine à prendre le nom de famille « du Nord » parce que la vraie Macédoine, c’est une région (cherche pas, les affaires de familles, tout ça…). Elle est venue en courant quand elle a appris que les Macédoniens (du Nord donc) avaient commandé une statue de 24 mètres à l’effigie de l’Alexandre le plus célèbre du monde (Dumas et Astier, ça ne compte pas). S’il était bien roi de Macédoine, les Grecs se sont dépêchés de leur rappeler que leur Macédoine est du Nord et que leur ex-taulier était né sur une terre qui appartient désormais à la Grèce.
Dimitar Popgeorgiev Berovski fait coucou à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.
Manque de bol, les Macédoniens ont perdu le papyrus qui contient l’extrait de naissance du souverain. Ils ont donc renommé le patron « Statue du guerrier à cheval », et les Grecs sont retournés traire leurs brebis.
Les rois du Skopje-coller
Pendant mes quatre jours sur place, j’ai bien vu que Skopje me faisait les yeux doux. Si l’intention est louable, elle a tout faux sur la forme. On ne sort pas en soirée en se pavanant avec les bijoux des autres, que diable.
En 2011, Skopje imprime l’Arc de Triomphe avec la nouvelle imprimante 3D commandée par Michel de la logistique (avec l’accord de Ghislaine de la compta, bien sûr). Ils en profitent ensuite pour faire une réplique de la statue du taureau de Wall Street et un jumeau au pont Charles de Prague. Pour rendre visite à tout ce joli monde, les bus à étages rouges de Londres tournent dans toute la ville.
La Croix du Millénaire
En 2002, l’Église orthodoxe décide qu’il est temps de fêter les 2 000 ans du christianisme. La Croix du Millénaire est alors construite et inaugurée au sommet du mont Vodno, à 1 066 mètres d’altitude. Depuis le centre-ville, je fais la montée à pied. Les 7 km et leurs 600 mètres de dénivelé positif se font en deux heures en comprenant les pauses photo. Voir la Croix du Millénaire ne m’a pas rendu plus heureux qu’avant. Mais les points de vue sur Skopje et sur la campagne environnante valent amplement la montée.
Le dernier soir, accompagné de Majin et Mark, un Iranien et un Allemand rencontrés dans ma guesthouse, je tente une sortie dans l’un des pubs de la ville. Notre match de trois trentenaires hors taxes à la bière contre la jeunesse skopiote et ses shooters se terminera par huit combos vomi/gueule de bois à zéro pour eux.
Mon avis sur Skopje
La capitale de la Macédoine du Nord est un OVNI pour moi. Je la vois comme un ami dont on apprécie la compagnie. Même si on sait qu’il raconte des cracks et qu’il a tendance à en faire trop en société. Est-ce que j’ai aimé Skopje ? Non. Est-ce que j’ai détesté Skopje ? Non plus. Est-ce que je vais te conseiller d’y aller ? Toujours pas. En revanche, ne t’arrête jamais de marcher à Skopje, on pourrait te confondre avec une statue.
Marche sur mes pas !
1 € = 61,65 Denars macédoniens (MKD)
1 € = 1,96 Lev bulgare (BGN)
Dormir à Skopje
- Hostel Denica : 615 MKD (10 €) la nuit en dortoir de quatre lits simples. Un chouia écarté du centre, mais très calme, très propre et il y a tout pour cuisiner.
Manger à Skopje
- Kaj Serdarot : un bon moyen de goûter des plats locaux.
- Dalvina : une carte variée et des plats de qualité dans un cadre sympa.
- The Beertija Pub : pratique pour boire un verre si on est un peu excentré.
Les transports
- Le téléphérique de la Croix du Millénaire : 50 MKD (0,80 €) l’aller/p. Ouvert tous les jours de 8 heures à 18 heures.
- Bus Sofia – Skopje : 50 BGN (25,5 €) le trajet/p., 5 heures de route. Départ chaque jour à 9 h 30 depuis la gare routière de Sofia, avec la compagnie Maptu.
- Bus Skopje – Tirana : 1 280 MKD/p. (20,80 €), 6 heures. Puis, 20 minutes en stop entre la frontière et Pogradec. Avec Eurobus, départ tous les jours à 8 heures et 9 heures du matin.
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