Berat : un conte des mille et une fenêtres
Il était une fois Berat, dans le sud-ouest de l’Albanie.
Il était une autre fois Bérat, dans le sud-ouest de la France. C’est comme Berat, mais avec un accent.
Ici, on ne parlera que de Berat, l’une des plus vieilles villes d’Albanie. Elle a un château, des habitants gentils et mille fenêtres. Un lieu incontournable pour les voyageurs. Alors, je ne l’ai pas contournée. Les vitriers et tous ceux qui sont fans de trucs translucides en général apprécieront cet article.
L’arrêt de bus invisible
Tout commence quand j’écris à Robert, mon hôte de Progradec, sur What’s App, pour savoir comment on va à Berat.
« Tu vas ici à 11 h, et t’attends ! »
La réponse est rapide, l’info est claire. Elle ne semble souffrir d’aucune hésitation. J’écoute Bobby et me pointe à l’angle de deux rues qui ont l’air d’aller de partout sauf quelque part. Le soleil alourdit mon sac de 10 kg. Seul un salon de coiffure en instance de divorce avec son proprio me rappelle que la civilisation a un jour fait son trou ici. Je n’ai pas demandé combien de temps je dois attendre. Ici, le temps n’est pas une unité de mesure. Quarante-cinq minutes plus tard, me voilà dans un minivan pour Berat.
Les rideaux sont mauves, le sol est recouvert de cartons aplatis et l’ambiance est à la sieste. Le chauffeur la trouble assez rapidement pour s’arrêter manger. Assis à table en combat singulier avec un poulet déjà vaincu par un four, il me propose de partager. Pendant quatre secondes, je me demande pourquoi il me propose à moi, et pas aux dix autres personnes du bus. Puis j’accepte. Je ne dis pas non pour deux raisons :
- j’ai faim,
- je suis poli,
- j’ai très faim.
Je sais, ça fait trois raisons. Mais j’ai vraiment très faim !
Viens chez moi, j’habite chez une copine
À côté de lui, Valentina me regarde manger comme si elle était absorbée par un documentaire. Elle a soixante ans et passe en mode interrogatoire quand je lui dis que je suis Français. Elle m’envoie tellement de questions dans les dents que j’ai envie d’avouer des choses que je n’ai pas faites !
Dix minutes plus tard, j’apprends qu’elle est Albanaise, qu’elle vit à Seattle et qu’elle part en vacances à Berat, d’où elle est originaire. Elle va dans la guesthouse de sa copine Elisabeth. Celle où j’ai réservé ma prochaine nuit. Heureusement, je suis guéri de ma paranoïa depuis peu. C’est le docteur qui l’a dit. Il y a quelques mois, j’aurais eu peur d’être suivi. Et puis, de toute façon, le FBI, ça n’existe pas !
Bref, j’arrive à Berat en connaissant déjà la pègre, la justice, la crème du gratin local ! Je suis carrément invité à prendre l’apéro par mon hôtesse et son fils, Redi. Et ça, c’est beau. En plus, j’ai encore faim !
Gorica & Mangalem : fenêtres sur cour
Les vieux quartiers de Berat sont garnis à ras bord de maisons de style ottoman, auréolées de nombreuses fenêtres, grandes et rectangulaires. Gorica fait face à la colline et au château, situé 120 mètres plus haut. Tandis que Mangalem est à ses pieds.
- Alors, Jamy, pourquoi l’appelle-t-on « la ville aux mille fenêtres ? »
- Eh bien, tout simplement parce qu’il y a beaucoup de fenêtres !
- Ah, génial. Voilà une info qui ravira les lecteurs de mon blog. Merci Jamy !
J’ai commencé un semblant d’enquête, pour trouver des faits qui viendraient agrémenter cet article de légendes et d’aventures rocambolesques. Mais, rien à se caler sous la dent. Même l’inspecteur Gadget et Benjamin Gates n’auraient pas trouvé mieux !
Les vieux quartiers, photogéniques et pittoresques, sont un régal à explorer. J’ai même droit à un début de règlement de comptes entre Jean-Michat et Clint Fastfood, en rue principale de Gorica.
Le château de Berat
Le château de Berat s’appelle Berat. Comme ça, on sait tout de suite où il est. Pour atteindre le sommet de la colline, je passe par Berat City, le quartier nord de la ville. Personne n’emprunte ce chemin, et j’arrive au rond-point de ralliement des bus touristiques, à l’entrée du château.
Il offre de multiples points de vue sur Berat, notamment le plus connu qui donne sur Gorica. Le château est très bien conservé, et la chapelle orthodoxe de toute beauté. Je propose de monter tôt le matin ou au coucher du soleil pour éviter les visiteurs de la journée. Toute proportion gardée, on n’est pas non plus à Pékin pendant les JO !
Côté histoire, il a été détruit par les Romains en 200 av. J.-C., puis reconstruit par Théodose 1ᵉʳ. Après, l’empereur Justinien est venu changer la déco.
Pour manger au château de Berat, je conseille fortement le Temi Albanian Food. Il se situe en plein centre du château. La mamie qui cuisine transforme les produits de son jardin en de véritables merveilles culinaires. Et elle offre toujours un fruit ou un bout de gâteau en dessert !
Je redescends par l’ancienne porte du château, où presque personne ne passe plus.
Bulevardi : qui vivra Berat
Derrière les vieux quartiers, l’artère principale de la nouvelle ville est entièrement piétonne. Le parc fait face aux restaurants. Entre les deux : les locaux et visiteurs déambulent une glace à la main.
Comme d’habitude en Albanie, les anciens s’écharpent aux dominos. La bataille des chiffres fait rage. Le but : réussir à se débarrasser de ses dominos en premier. Les stratégies se font à mesure que les clopes se consument. Pas besoin de parler albanais pour comprendre que c’est tout sauf un jeu !
Je pousse l’exploration pour aller tout au bout de la ville. Je tombe dans un quartier dénué de toute prétention touristique. Le stade de foot de l’équipe locale marque la limite de la ville. À l’intérieur, rien ni personne ne défend le gazon d’arrêter de pousser.
Berat : un conte des mille et une fenêtres
Accueilli par Valentina et Elisabeth, j’ai passé cinq jours à Berat comme un coq en pâte. Aperçue à Pogradec, la bonne humeur des Albanais sévit aussi par ici. Je ne me suis jamais lassé de déambuler dans les ruelles, parfois désertes, souvent pittoresques et toujours jolies, des vieux quartiers et du château. Berat semble avoir arrêté le sablier quelques centaines d’années en arrière. Et pourtant, le temps passe trop vite une fois sur place !
Marche sur mes pas !
1 € = 106,22 Leks albanais (ALL)
À part la Credins Bank, tous les distributeurs du vieux Berat prennent des frais de retrait. Le distributeur est situé du côté du nouveau Berat, au croisement de Bulervardi Republika et Rruga Fan Noli, en face de l’Hôtel Colombo.
Dormir à Berat
- Guesthouse Villa Juri : 2 700 ALL (25,50 €) par nuit pour une chambre double pour une nuit. À 900 mètres du centre de Berat, très calme et propre. Emplacements de camping disponibles.
Manger à Berat
- Temi Albanian Food : petit restaurant situé dans une ruelle du château de Berat. Tout est fait maison et délicieux.
- Zonja Gjene : le restaurant se situe sur la rive, peu avant le pont de Gorica. Le service est parfait et les plats très bons.
- Beratino : très bon, mais les portions sont petites.
- Proper Pizza : pas mauvais, mais loin d’être incontournable.
- Piccolo Grande Amore : restaurant traditionnel albanais et italien. Situé derrière l’Église orthodoxe. À tester !
Les transports
- Bus Pogradec – Berat : 1 000 ALL (9,30 €) le trajet/p., 4 heures de route. Départ de Korça chaque jour à 10 heures. Il faut se rendre ici à 11 heures et faire signe au chauffeur du bus marqué « Berat ».
- Les transports en commun : 30 ALL (0,28 €) le ticket de bus pour se rendre à la gare routière. Il y a des panneaux bleus pour indiquer les arrêts de bus le long de la rue principale.
- Bus Berat – Tirana : 500 ALL (4,65 €) le trajet/p., 2 heures de route. Chaque jour, un départ par heure depuis la gare routière de Berat.
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