Whanganui Journey : souquez les artimuses
J’ai fait Whanganui Journey, la Great Walk en canoë, avec 4 Bretonnes.
Le mot kayak est un palindrome. Il s’écrit et se lit de la même façon dans les deux sens. Je vous dis ça parce que moi, j’ai fait du canoë. Ça ne marche pas avec canoë, j’ai vérifié. En revanche, j’ai vérifié aussi, le canoë, ça marche bien avec quatre drôles de dames. Marine, Estelle, Nina et Laura, 4 Bretonnes que je ne convertirais pas en litres de bière, j’ai oublié ma calculette. J’ai donc descendu la Whanganui River en 3 jours, avec des Bretonnes en canoë, mais pas en kayak qui se lit dans les deux sens. Diantre ! Voilà que je me répète. Cette intro s’arrête ici.
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Whanganui Journey
Les Great Walks
En Nouvelle-Zélande, il y a deux choses qui frappent :
- le nombre incroyable de randonnées disséminées de partout dans le pays,
- les All Blacks quand tu les rencontres sur un terrain de rugby.
Mais comme j’ai autant de chances de les affronter que mon coiffeur de couper un jour les cheveux de Zizou, on va plutôt se concentrer sur les randonnées.
Parmi ces innombrables randonnées, il y en a 10 réputées spectaculaires et qu’on appelle les Great Walks. Great walks ça veut dire « super marcher » littéralement. Mais ici, on n’est pas chez les pantouflards. Donc, on oublie Leclerc le samedi matin. On enfile ses plus belles chaussures de marche, un sac à dos et c’est parti mon kiwi !
Whanganui Journey
Les great walks sont réparties dans tout le pays et ont le point commun de durer plusieurs jours. Sur les chemins, on trouve régulièrement des huts (payantes) et des campements de tentes pour dormir (payants aussi) avec toilettes et eau parfois potable sur chaque site (gratuites cette fois). La Whanganui Journey (prononcez Fanganui) est la seule great walk où l’on ne marche pas puisqu’on pagaie sur la Whanganui River, une rivière sacrée pour les Maoris. On peut la parcourir en 3 ou 5 jours en pagayant respectivement 90 ou 150 km. La rivière longe la Forgotten World Highway, une route oubliée, et offre des paysages de monde perdu dignes des plus grands films d’aventures.
Exemple de hut, cliquez sur les images pour les agrandir.
Jour 1 : les marins d’eau douce
Whakahoro – John Coull Hut : 37,5 km – 7 heures.
La journée commence par un briefing où on nous explique que c’est pas La croisière s’amuse ou un truc de grand-mère. Les loueurs nous parlent des rapides qui sont très très (très très) rapides. On peut même parfois tomber dans l’eau, se prendre des rochers, manger des schokobons au chaud devant la télé et même casser le canoë. Ensuite, on part en bus au départ où on nous apprend aussi comment pagayer, aller vite, aller doucement, tourner à droite ou à gauche, mettre le frein à main, démarrer en côte, etc.
Après la réunion des kayakistes unanimes, on se jette en selle dans la gueule du loup et en avant Montauban ! On a déjà tous fait du kayak au moins une fois dans nos vies, mais le canoë étant plus gros, on a une petite appréhension quant à la facilité d’effectuer des manœuvres d’urgence en rapide ou des créneaux en bord de plage. Si on avait su, on aurait pris l’option canoë en E.P.S au lieu de choisir curling pour suivre les copains.
The silver fern
La première journée est la plus longue et nous voguons dans un environnement où le calme est parfois dérangé par de petits rapides. On évolue au milieu d’une large rivière d’eau marron, entourée de collines peuplées d’une jungle de kapongas, ou silver fern soit la fougère argentée, l’un des emblèmes de Nouvelle-Zélande.
Partis au sein d’un groupe d’une vingtaine de personnes, on passe le plus gros de la journée à 5. On arrive en fin d’après-midi au premier campement, fatigués, mais émerveillés par cette nature que nos yeux ont volée. Le temps d’une journée.
Jour 2 : une sacrée rivière
John Coull Hut – Tīeke Kāinga : 29 km – 6 heures.
Le lendemain d’une journée de canoë, on a très mal aux épaules en général. Surtout après une nuit en tente. Eh bien, pas nous. Nous, on a mal de partout. On a pourtant procédé aux étirements réputés adéquats la veille (adéquas diront les puristes). Mais nos muscles ont décidé qu’ils auraient mal. Quoi qu’il arrive.
Cette journée est la plus calme des trois en termes de rapides. On garde le meilleur pour la fin. Mais ça ne m’empêche pas de tomber avec mon équipière du jour, Nina. Ce rapide semblait pourtant à notre portée. Un excès de confiance acquis lors de la première journée. Ou peut-être qu’on avait la tête ailleurs. On ne sait pas.
Whanganui : le monde perdu
Après cette renversante mésaventure et avoir écopé, on repart pour une journée au milieu de ces paysages sublimes similaires à un monde sauvage et perdu. King Kong et une armée de Diplodocus pourraient débarquer qu’on ne serait pas étonnés (bon OK, un petit peu quand même).
On arrive bien fatigués à Tīeke Kāinga où une cérémonie maorie nous attend. Au milieu de ce campement sacré, de cette rivière sacrée, un cabanon et un totem ont été construits à la mémoire des ancêtres passés par là. Le maître des lieux parle en maori puis nous souhaite la bienvenue et que nous nous sentions ici comme chez nous, accompagnés des Néo-Zélandais présents qui semblent connaître ce rituel. Un moment humain à part, au milieu d’une aventure dont la seule promesse était la contemplation d’une nature unique et isolée.
Jour 3 : le bec dans l’eau de Whanganui
Tīeke Kāinga – Pīpīriki : 21,5 km – 4 heures.
Le dernier jour est le plus court et propose certains défis. Celui d’arriver avant 13 h 30, soit le départ du bus pour retourner sur le site du loueur et les rapides les plus… Rapides et dangereux des trois jours. On part donc au petit matin pour prendre notre temps et parer à tout renversement de situation.
Après les premiers rapides annoncés coriaces, mais traversés sans encombre, on approche du 50/50. Celui-là, on nous en avait parlé au briefing, il ne s’appelle pas 50/50 pour rien et on ne propose pas l’appel à un ami, démerdez-vous. Nos deux canoës biplaces en font les frais, Marine sur son kayak en solo est la seule à en réchapper et arrive en mission de sauvetage pour nous tirer de là. Après quelques dernières longueurs dans les bras de la rivière, on voit le bout du tunnel à midi.
Forgotten World Highway : la route 43
La rivière Whanganui longe l’une des routes les moins empruntées du pays qui regorge pourtant de surprises : the Forgotten World Highway. Longue de 150 km, elle part de Taumarunui pour finir à Stratford, face au mont Taranaki.
Vive la République !
Au milieu de cette route du monde oublié se trouve Whangamomona, un village de 40 habitants autoproclamé micronation en 1989. Les élections sont assez fantasques dans le coin puisque le premier président a été élu en étant le premier à déposer son bulletin de vote. Se sont succédé Billy Gumboot la chèvre, Tai le caniche et le garagiste du coin. « Pourquoi pas une femme pendant qu’on y est ? », me direz-vous ! Eh bien ç’a déjà été fait en 2015.
Une république pas comme les autres. Elle dispose même de son propre tampon de passeport que vous pouvez demander à l’hôtel-restaurant-bar-boutique de souvenirs-coiffeur-pharmacie-garagiste du village contre un « don obligatoire » de 2 NZ$ (1,20 €).
La Forgotten World Highway, c’est :
- 1 république où la douane est plutôt laxiste,
- 4 chances d’aller faire pipi sur 150 km,
- 0 éventualité de faire le plein (pas de stations-service),
- 0 probabilité de commander une pizza (pas de réseau, pas de pizzeria),
- 12 km de gravel road,
- 1 tunnel d’une seule voie long de 180 mètres.
Le long de la Forgotten World Highway, on profite pleinement des 150 km de forêts et collines qui nous entourent avec les rares véhicules qui n’ont pas oublié d’aller visiter ce monde oublié.
Whanganui Journey
Tant va le canoë à l’eau qu’à la fin t’as pagayé pendant 3 jours sur 90 km. Ce n’était pas une partie de plaisir pour les bras, mais un vrai régal pour les yeux. Enfin, après cet article ne tarissant pas d’éloges, je pense que ça coule de source. Un récit et des photos qui, je l’espère, vous auront mis l’eau à la bouche. Gardez en tête qu’il faut se méfier de l’eau qui dort et que celle de la rivière Whanganui reste souvent éveillée. Sur une échelle de 1 à 10, on a évalué notre plaisir à faire cette Great Walk à 10. Enfin, dans ces eaux-là…
Marchez sur mes pas !
1 € = 1,65 Dollar néo-zélandais (NZ$)
Les campements
- John Coull Hut : 20 NZ$/personne (11,90 €) la nuit en tente. Des lits en hut sont également disponibles pour 32 NZ$/personne (19 €) la nuit.
- Tīeke Kāinga : 20 NZ$/personne (11,90 €) la nuit en tente. Des lits en hut sont également disponibles pour 32 NZ$/personne (19 €) la nuit.
Location des canoës
- Nous avons loué les canoës directement à l’I-site de Taumarunui pour 170 NZ$/personne (100 €) pour 3 jours. Le loueur de canoës met son terrain à disposition pour la nuit qui précède la première journée. On peut y dormir dans son véhicule (Self-Contained ou non) ou sa tente et des toilettes sont à disposition. Tout le matériel nécessaire est fourni et un briefing est fait le premier matin avant le départ. Les véhicules restent garés pendant les trois jours sur le site du loueur qui nous emmène au point de départ et nous ramène du point d’arrivée en minibus.
Les prix des huts et campsites correspondent à la haute saison (du 1ᵉʳ octobre au 30 avril), ils baissent le reste de l’année.
Pour les Néo-Zélandais et les étrangers présents en Nouvelle-Zélande depuis plus de 6 mois, tous les campements en tente et les lits en huts sont à -50 %, sur présentation d’un justificatif.
Pour effectuer vos réservations de tentes et/ou huts et louer les canoës, rendez-vous au I-Site de Taumarunui. Les réservations d’emplacement de tentes ou de lits en hut peuvent également se faire sur le site du DOC.
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