Canyon de Colca : anniversaire et happy hour
Le canyon de Colca est le second canyon le plus profond du monde (3 400m). Gaëlle a eu 26 ans. Voilà deux informations que vous devez trouver très importantes. L’une l’est plus que l’autre, bien entendu, mais on sait aussi que tout le monde aime les canyons alors on partage. Ne nous remerciez pas.
NB : cet article peut aussi servir de tuto à l’organisation d’un anniversaire surprise loin de ses bases, peut-être même en milieu hostile…
Canyon de Colca : de Cuzco à Cabanaconde
Après nos aventures rocambolesques (on pèse nos mots) de Cuzco, on part en quête de découvrir le canyon de Colca. On pose donc nos fesses dans un bus de nuit pendant 10 heures jusqu’à Arequipa, la seconde ville du Pérou. On vous passe les détails du trajet, car on ne les a pas. Pour une fois, on réussi à dormir tout le long (le « on », c’est Max. Gaëlle pourrait s’endormir tranquillou bilou sans forcer à un concert d’ACDC). De là, il faut prendre un autre bus pendant 6 heures jusqu’à Cabanaconde, village de départ du trek.
On fait le tour des agences qui s’y rendent et le prochain bus part à 11 heures. Pas trop excités à l’idée de squatter toute une matinée dans une gare routière , on cherche une solution alternative. On trouve un bus qui part à 8h30 pour Chivay, la ville située au début du canyon. Enfin « un bus », c’est ce qui est marqué sur le ticket. En réalité, c’est un morceau de tôle rectangulaire. Il comporte quelques roues (on n’a pas compté) et une télé des années 70 accrochée au plafond. Le sol est couvert de moquette. La peau de bête qui tapisse le tableau de bord sent la sueur. De plus, on n’est pas vraiment raccords avec les locaux vestimentairement parlant. On se sent même un peu observés quand on monte dans le bus.
Le trajet est long, poussiéreux. Max se régale des comédies musicales péruviennes surjouées et pleines de suspense. Pendant ce temps-là, Gaëlle dort. À Chivay , il faut trouver un collectivo pour Cabanaconde. Mais a priori il n’y a que des bus. Ceux qui viennent d’Arequipa. Ceux qu’on aurait dû attendre toute la matinée. Heureusement, notre sauveur n’est pas très loin.
Somos Argentinos en el canyon de Colca
Le ticket pour le trek du canyon de Colca est sujet à controverses. Il coûte 70 soles (19 €) et a une validité de 7 jours ce qui est plutôt cher par rapport aux autres treks du Pérou. L’autre problème est que l’argent ne serait pas vraiment utilisé afin de préserver cette belle région ni pour les locaux qui tentent d’en tirer quelques bénéfices, mais il reviendrait plutôt à un sinistre et cupide individu dont nous ne savons rien. Les locaux encourageraient les gens à ne pas payer en essayant d’échapper aux contrôles qui se font de plus en plus stricts.
Arrivés à la gare de Chivay, on ne sait pas encore si on va passer à travers les mailles du filet. Pour être honnêtes, on ne sait pas encore si on va être honnêtes. Jusqu’à ce qu’un chauffeur de collectivo nous propose de nous conduire à Cabanaconde. Il propose même d’acheter les tickets à notre place en nous faisant passer pour des Argentins. Le prix pour les Sud-Américains est de 40 soles/personne (11 €) et de 20 soles/personne (5,40 €) pour les Péruviens.
On lui dit que c’est gentil de proposer. Puis, on lui montre nos têtes. On a déjà vu des Argentins et ça ne ressemble pas à ça ! Il nous dit que c’est un plan sûr. On aura juste à lui donner l’argent au poste de contrôle. On lui répond qu’on veut réfléchir. Un brainstorming d’une minute 30 plus tard, on dit oui à cet homme. Sa tête fait plus référence au taulard fraîchement échappé du coin qu’à l’évangéliste qui mange du poisson chaque vendredi. Mais, on n’a pas vraiment grand-chose à perdre. Alors, vamos pour la naturalisation argentine !
Le collectivo
Serrés comme des sardines dans un collectivo plein à craquer, on rencontre un couple d’Allemands, Ursula et Benedikt, et Flavio, un économiste péruvien qui habite à Cabanaconde. Arrivés au poste de contrôle, les Allemands montrent leurs tickets achetés la veille. Nous on attend les instructions de « Joe le collectivo » quand l’un des contrôleurs fixe Max d’un œil interrogatif. On essaye à tout prix d’éviter la conversation en espagnol où Max répondrait du tac au tac qu’il est Argentin depuis 12 générations et qu’il a horreur qu’on lui fasse perdre son temps.
Dans la vraie vie, on serre les fesses quelques minutes et au moment où la goutte venue du front de Max termine son voyage en bas de sa joue gauche, le chauffeur nous demande l’argent, puis revient 2 minutes après avec deux beaux tickets pour le canyon de Colca, estampillés Sud-Américains. Nous voilà Argentins pour les 3 prochains jours, on espère juste qu’au moment des contrôles les gars n’auront pas trop envie de taper la causette…
Cabanaconde : départ du canyon de Colca
Cabanaconde, c’est tout petit. À part quelques hôtels, commerces et restaurants, il n’y a que des habitations. L’ambiance est un peu désertique et poussiéreuse, on se croirait au Mexique ou au Far West. On verrait ce bon vieux Clint se pointer au bout de la rue, moitié de mégot mâchouillée et coincée entre les dents, pour nous dire que « le monde se divise en 2 catégories » que ça ne nous étonnerait même pas !
Dans les gares avant de venir, il est écrit de partout qu’il vaut mieux réserver, car les hôtels sont pleins à Cabanaconde et dans le canyon. Bien entendu ceci n’est qu’un tissu de mensonges afin d’essayer de vous délester d’encore plus de votre argent, chers voyageurs. Venez comme vous êtes et négociez, on a trouvé une chambre double avec salle de bain privée, eau chaude et Wifi pour 40 soles (11 €), à l’hôtel Villa Pastor. On mange le soir au restaurant du coin avec nos nouveaux amis allemands et on profite de l’happy hour (une spécialité péruvienne visiblement) pour trinquer à l’anniversaire de Gaëlle qui a déjà commencé en France.
Aparté de Max
En France, il y a les anniversaires normaux comme le mien, le vôtre ou celui de Norbert, célibataire de 47 ans vivant seul avec son chat. Et puis il y a celui des autres, les vrais comme Johnny Hallyday, Eddie Barclay (RIP) et Gaëlle qui débutent psychologiquement toujours en avance pour leur entourage. En voyage au long cours, il faut ajouter les fuseaux horaires de chaque pays où l’on est passés. Ce qui fait que cette année l’anniversaire de Gaëlle commence le 27 juin à 00 h 01 en Nouvelle-Zélande pour finir le 27 juin à 23 h 59 sur l’île de Pâques soit 42 heures d’anniversaire. Donc début de l’anniversaire et fin de l’aparté.
Quel itinéraire choisir ?
Initialement, on voulait faire la boucle Cabanaconde-Llahuar-Oasis de Sangalle en 3 jours comme la plupart des gens, mais on choisit de partir tous les quatre dans l’autre sens pour deux jours. Au programme 3 h de descente dans le canyon, puis 1 h 30 de montée sur le versant opposé, 1 h 30 de descente jusqu’à l’oasis de Sangalle où on passe la nuit avant de remonter les 1 100 mètres qui nous séparent de Cabanaconde.
À moins que vous ne sachiez pas reconnaître un cactus en pleine nature ou que vous vouliez avoir la certitude confirmée à 100 % que vous êtes bien au fond d’un canyon, le guide n’est pas nécessaire et assez cher. L’hôtel où vous dormez vous donnera une carte plus complète que celle fournie avec le ticket. Les chemins sont très bien indiqués.
Le canyon de Colca
On part vers 7 h 30, mais il fait déjà chaud. On commence à marcher juste au bord du canyon, il paraît qu’on peut voir des condors en s’y prenant tôt, mais ce n’est pas pour aujourd’hui. Dommage. On descend dans le canyon et c’est parti pour 1 100 m de dénivelé négatif jusqu’au fond, puis une montée assez facile soit 3 h 30 de marche jusqu’au village de San Juan de Chuccho (en français Saint-Jean de chouchou). Les paysages sont irréels et l’ambiance canyon/cactus nous plonge dans un autre Pérou.
Dans le canyon de Colca
Vers 11 h, on attaque la partie la moins facile de la journée, soit 400 m de dénivelé positif en plein soleil, environ 1 h 30. On arrive en haut, au village de Malata pour chercher un restaurant quand un petit Péruvien d’une cinquantaine d’années nous interpelle. Son menu, soupe de légumes et riz/pommes de terre/avocat/thon est à 7 soles/personne, environ 1,90 €. À ce prix là, on ne cherche pas à négocier, on pose juste nos sacs et on s’assoit sur la seule table entourée des 4 uniques chaises de son restaurant. On se retrouve à manger comme des rois avec une vue impressionnante sur le canyon pour un prix dérisoire.
Après le repas, Bénito nous montre son musée qu’il cache derrière une grande porte coulissante. Habits traditionnels, guitare, bracelets et bougies artisanales en graisse d’alpaga. C’est l’occasion de lui glisser à l’oreille que c’est l’anniversaire de Gaëlle et c’est parti pour un joyeux anniversaire péruvien accompagné à la guitare. Grosse ambiance dans cet improbable resto ! On repart après quelques photos souvenirs avec Benito et sa femme. On leur achète de l’eau aussi, car on sait que ce sera double tarif au fond du canyon !
L’oasis de Sangalle
Après avoir longé le bord du précipice, on attaque la descente jusqu’à l’oasis. On y arrive après une petite heure de marche, en milieu d’après-midi. Le chemin arrive directement à Jardin El Eden, la guesthouse avec la plus grosse piscine. Il faut savoir que l’oasis n’est faite que d’hôtels avec piscines naturelles qui sont plutôt bon marché, mais sans réel confort, les gens n’y restent qu’une nuit avant de remonter au sommet du canyon. On n’a pas vraiment l’envie ni la force de faire le tour des autres, on reste là pour la nuit.
L’heure joyeuse
Après un saut dans la piscine et un brin de toilette, on mange à 19 heures pétantes le menu unique du restaurant préparé par Maximiliano, le serveur argentin qui travaille là depuis 6 jours. Max a mis Maximiliano et Tomas, le patron, au parfum de l’anniversaire de Gaëlle et tous les trois préparent un anniversaire surprise (synonyme de guet-apens pour la principale intéressée). À la fin du repas, on éteint les lumières et Max avance bougie et bouquet de fleurs (confectionné par Tomas) à la main.
Le repas tourne au spectacle quand les 2 Allemands, les 4 Hollandais et les 4 Québécois se mettent à chanter « joyeux anniversaire » en chœur… Dans leur langue respective. On apprécie l’attention et aussi que la chanson s’arrête au bon moment, soit juste avant que le mélange cacophonique de leurs délicieux accents ne fasse saigner nos oreilles. Pour couronner le tout, Tomas offre sa tournée de bières !
Let’s go to drink
On pensait que l’anniversaire allait s’arrêter là, jusqu’à ce que Maximiliano se mette à hurler : « LET’S GO TO DRIIIINK !! »
Tout le monde connaît le principe de l’happy hour qui propose un cocktail offert pour un cocktail acheté pendant une heure. Avec Maximiliano, le concept est légèrement différent. Comme la commande doit comporter une boisson payante et une boisson gratuite, il propose de ne servir que celle qui est gratuite pour qu’on n’ait pas à payer la payante, vous suivez ?
Il lance même une happy soirée en lieu et place de l’happy hour alors que Tomas a le dos tourné. On s’est quand même cotisés par principe et pour lui éviter trop de problèmes. Au total, la soirée nous est revenue à 13 € pour deux, soit l’anniversaire le plus rentable de toute l’histoire des anniversaires !
Un anniversaire mémorable et complètement réussi pour Gaëlle qui n’en demandait pas tant !
Retour à Cabanaconde
On se réveille le lendemain à 6 heures du matin, les jambes lourdes et la tête douloureuse. On part sans petit déjeuner, pour démarrer plus tôt et parce que Maximiliano nous a fortement déconseillé ce petit déjeuner qu’il prépare lui-même… Avec tout ça, on doit remonter jusqu’à Cabanaconde, soit un dénivelé positif de 1100 mètres ! La montée est assez physique et on a parfois l’impression de faire du surplace (Rinjani, si tu nous vois !). On arrive non sans peine à Cabanaconde après 3 heures de marche, ce qui n’est plutôt pas mal vu la tôle de la veille.
En tant normal, plus on avance moins on recule …
On arrive à Cabanaconde 3 heures plus tard après avoir admiré le lever de soleil dans la vallée. Nous sommes accueillis par un contrôle surprise où on se la joue Argentins timides à base de « ola » et de « gracias » (avec notre accent de vache allemande qui parle hongrois, on n’aurait pas pu berner un enfant de 5 ans, mais bon, c’est passé crème !). On passe prendre nos billets de bus retour pour Arequipa. Puis, on s’enfile un petit déjeuner qui devient finalement un repas complet. Car on est au bout de nos forces. Nos sacs nous attendaient sagement à l’hôtel et nous voilà partis pour 6 heures de bus.
Vers Arequipa
Six heures interminables où l’on roule au bord du ravin, le chauffeur stoppe le bus pour contrôler nos tickets au milieu de nulle part, on s’arrête à la gare routière de Chivay, on passe chez le mécano d’à côté qui met 30 minutes à vérifier la pression des pneus et les lave en jetant de l’eau dessus avec sa main. On retourne à la gare routière de Chivay où le chauffeur fait une pause, sans doute essoufflé d’avoir regardé le mécano s’occuper des pneus, puis on repart pour arriver à Arequipa en fin d’après midi.
Arequipa
À Arequipa, une nouvelle surprise attend Gaëlle. Elle pensait devoir faire la tournée des hôtels, regarder l’état des chambres et négocier jusqu’à ce que l’on trouve la perle dans notre budget. Mais notre ami Booking est passé par là et c’est à l’hôtel Los Tambos que nous passerons la nuit. C’est l’hôtel le mieux noté et le mieux placé de la ville, avec toit panoramique, vue sur toute la ville et les volcans qui nous entourent, mot de bienvenue, petits chocolats sur lit et petit déjeuner préparé par un vrai chef s’il vous plaît !
On arrive tout crasseux du trek. Des porteurs prennent nos sacs. On a une grande salle de bain avec une douche séparée par une cloison, le grand luxe ! Une soirée ponctuée par un tour au sushi du coin, El Buda Profano, toujours accompagnés de Benedikt et Ursula. Des sushis végans, mais très bons, même pour nous, adorateurs de poisson cru !
Le ceviche
On fait un tour de la ville le lendemain. On va au marché pour manger un dernier ceviche. C’est un plat typique à base de poisson mariné froid. Le mélange d’oignons, citron, piments, herbes est délicieux.
Après toutes ces aventures, l’anniversaire de Gaëlle, mémorable à plus d’un titre touche à sa fin. Il est temps pour nous de partir pour la ville de Puno afin de regagner la frontière bolivienne à Copacabana pour visiter la Isla Del Sol sur le lac Titicaca.
Marchez sur nos pas !
1 € = 3,65 Soles péruviennes (PEN)
Dormir au canyon de Colca
- Hôtel Villa Pastor, à Cabanaconde : 40 PEN (10,80 €) la chambre double avec salle de bain privée. Seul Wifi du village, petit déjeuner à 10 PEN/personne et ils gardent les affaires dans un endroit sûr pour 3 PEN/sac/jour, très bien.
- Jardin El Eden, à l’oasis de Sangalle : 50 PEN (13,50 €) la chambre double avec salle de bain privée. Confort très sommaire et même si l’anniversaire de Gaëlle était terrible, c’est cher pour ce que c’est. Point important : Ils ne fournissent pas de serviettes donc si, comme nous, vous oubliez vos serviettes microfibres, sachez qu’un t-shirt ou un short fait très bien l’affaire.
- Los Tambos, à Arequipa : 160 PEN (70 €) la chambre double avec salle de bain privée et petit déjeuner de fou. Situé à deux pas de la plaza de Armas, en plein centre-ville, tout est top et la vue panoramique depuis les toits envoie du pâté comme on dit dans le jargon. Le tarif inclut le taxi avant et après le séjour pour l’aéroport ou le terminal des bus.
La visite du canyon de Colca
- Le canyon de Colca : le ticket coûte 70 PEN/p. (19 €) pour les étrangers, 40 PEN /p. (11 €) pour les Sud-Américains (incluant les Argentins comme nous) et 20 PEN/p. (5,40 €) pour les Péruviens. Il est valable 7 jours. Le ticket comprend également la visite de Cruz del Condor. On peut tenter de voir les fameux oiseaux géants. Mais il faut y être entre 8 et 9 heures et prendre un bus qui vous y arrête. On voulait y aller, mais on est remontés trop tard le dernier matin.
Les transports
- Bus de nuit Cuzco – Arequipa : 60 PEN/p. (16,20 €) avec la compagnie Cromotex, 10 heures.
- Bus Arequipa – Chivay : 13 PEN/p. (3,50 €) avec la compagnie Reyna, 6 heures.
- Collectivo Chivay – Cabanaconde : 10 PEN/p. (2,70 €), 1 h 30.
- Bus Cabanaconde – Arequipa : 17 PEN/p. (15 €) avec la compagnie Milagros, 6 heures.
- Taxi Terminal des bus d’Arequipa – Plaza de Armas (centre-ville) : 8 PEN (2,15 €).
- Taxe du terminal de Cuzco : 1,40 PEN/p.
- Taxe du terminal d’Arequipa : 1,50 PEN/p.
Horaires des bus Cabanaconde – Arequipa (17 PEN/p.) :
- 7 h et 14 h avec la compagnie Reyna.
- 9 h avec la compagnie Andalucia.
- 11 h 30 et 22 h avec la compagnie Milagros.
- 13 h avec la compagnie Peruvian.
Comments (2)
Franchement c’est trop beau ce que vous vivez, merci de ces belles photos et des commentaires croustillants
Bon courage pour la suite, n’oubliez pas de passer à La Paz pour visiter nos amis, ce sont des gens charmants, vous ne regretterez pas
On vous embrasse
Colette et Gérard
Merci beaucoup, on profite de chaque instant ! 🙂
Malheureusement notre passage à La Paz a été très court et on y retrouvait des amis connus en chemin. Merci quand même pour le contact, on vous embrasse !