Coronavirus

Coronavirus en Inde : un escape game presque parfait

Je suis en Thaïlande, en janvier, quand Pierre-Emmanuel Coronavirus sort faire un tour pour acheter du pain. Il est en Chine. Et le pain chinois, c’est meilleur quand on n’en mange pas. Alors, il s’énerve tout rouge et file dans les poumons de la boulangère. S’ensuit un quiproquo. Un mec achète un sandwich pangolin/mayo. Il meurt d’une grippe en vingt-sept minutes. Le virus se répand en mettant tout sur le dos du pangolin. Ça part en épidémie. Comme il vient de Chine, on se dit « C’est bon, encore un truc à deux balles inventé par les Chinois, ça ne tiendra pas la route ! » On se moque gentiment des êtres inférieurs en intelligence qui crient à la pandémie alors que quatre personnes au monde toussent à l’unisson.

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Coronavirus en Inde : un escape game presque parfait

Quand j’arrive en Inde, il commence à bien se répandre de partout. Déterminé à boire l’humanité. Un mois après mon arrivée en Inde, je suis à Fort Kochi. Le Coronavirus complète son tour de France sans vélo ni voiture balai. Du coup, pour les Indiens, je passe du Français génial, beau et expert en gastronomie mondiale au Somalien lépreux à la peau vert uranium tachée de points rouges qui fait la manche au Trocadéro. Pour mettre des paillettes dans ma vie et m’occuper un peu, le gouvernement indien me propose un escape game.

L’intitulé est court : le Coronavirus c’est mal et on ferme la boutique alors trouve la sortie et casse-toi !

L’ambiance : 9,5/10

Les villes aux alentours de Fort Kochi se renferment toutes les unes après les autres. Et la diplomatie du peuple indien est en marche. Moyennant insultes et jets de pierres pour persuader les étrangers de partir. Je pèse le pour, le contre et le contre – oui, il commence à y avoir beaucoup de contre – et j’achète l’un des derniers billets d’avion retour pour Lyon à prix décent. Je pense pouvoir éviter les pièges que se coltinent les autres joueurs étrangers. Quand le patron de mon hôtel revient sur sa promesse de me garder jusqu’à mon départ. La veille de mon vol, il me met à la porte comme Micheline renverrait Marcel d’un coup de pompe dans la détermination au moindre écart conjugal.

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Pour le reste, je peux sentir le poids du regard des gens dans la rue. De plus, les compagnies aériennes tirent à pile ou face les vols qu’ils vont annuler. Le top du top aurait été le tampon de sortie du territoire joué à chifoumi. J’espère qu’ils liront mon avis !

L’ambiance fait tout et on joue avec la peur au ventre jusqu’au dernier moment. Un régal !

Le personnel : 8,5/10

Le personnel, c’est lui qui donne le ton du jeu. Alors, j’ai été intransigeant. Je suis refusé de plusieurs restos lors de mon dernier jour en Inde. Ça commence dès le matin sous prétexte que je suis Français et que des gens seraient allergiques aux poils de Coronavirus. J’aime les gens directs et j’inclus l’honnêteté dans mes qualités préférées après l’intelligence et la raclette (si, c’est une qualité). J’avoue qu’être cueilli à froid, au saut du lit et armé d’un simple passage de main humide en guise de réveil facial, c’est pas ce qui me botte le plus. Mais il faut savoir s’adapter pour l’emporter, la beauté du jeu prime avant tout !

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Pour la suite, un chauffeur de taxi se met un mouchoir sur le nez et accélère quand il apprend que je suis Français, puis s’échappe sans me rendre la monnaie. Les hôtels situés en face du terminal international ne semblent accessibles qu’au moyen d’un ascenseur émotionnel. L’armée me donne gentiment l’autorisation de dormir à l’extérieur de l’aéroport quand j’essaye d’y accéder pour la nuit.

Quand on te dit de partir en t’empêchant d’entrer dans l’aéroport.

Après 18 tentatives infructueuses, je vote pour que la chasse aux hôtels en temps de Coronavirus en Inde devienne une discipline olympique. Le 19ᵉ hôtel est le bon grâce à une question : « Est-ce que vous avez le Coronavirus ? » et une bonne réponse : « Non ! »

Mon menu maxi best of Mac Coronavirus des meilleures excuses de la journée :

  • L’homme qui met tout sur le dos de son boss xénophobe alors qu’après trois questions, j’apprends que c’est lui le parton.
  • La petite dame qui me dit d’abord oui, puis non quand je reviens du distributeur parce qu’elle avait oublié que la chambre était déjà réservée.
  • Le monsieur qui ne peut accueillir que des Indiens parce que son hôtel n’est pas en face du terminal international (on est d’accord, je n’ai pas besoin de faire de vanne là ?!).

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Je suis Français et blanc issu de classe moyenne. Il y a eu donc autant de discrimination dans ma vie que de sourires tentés par Vladimir Poutine dans la sienne. Cette première était d’un excellent niveau !

La déco : 7,5/10

Une décoration soignée et plutôt réaliste. De la poussière et des déchets qui s’amoncellent et servent de lit de camp aux chiens errants et des rues sans trottoirs qui ne ressemblent pas à grand-chose. Un environnement hostile recréé de toute pièce à Fort Kochi, mais qui m’aurait donné plus de frissons dans des villes plus chaotiques et grandes comme Madurai ou Chennai.

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Même si je sais que beaucoup d’efforts ont été faits, je reste sur ma faim concernant quelques détails. Un seul chat mort constaté. Alors que je m’attendais à des gens édentés, des estropiés ou des enfants avec des chaussures de marque Cristalline. Oui, les bouteilles d’eau. L’ensemble est satisfaisant. Mais une touche en plus de dramaturgie et d’authenticité n’aurait pas été de trop.

Bravo à la Valérie Damidot indienne et toute son équipe !

Coronavirus en Inde : un escape game presque parfait

Note moyenne : 8,5/10

Un super escape game, autant prenant que réaliste jusqu’au bout. Il ne convient pas à tous les publics et je le déconseille aux gens qui n’ont jamais participé à des jeux d’évasion. Au risque de te gâcher l’enquête sur le moyen d’en sortir, va sur Skyscanner, achète un billet d’avion et file à l’aéroport sans tarder.

C’est ma botte secrète, ne me remercie pas !

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Comments (4)

  • Sylvie Bernard Répondre

    Un style rafraîchissant pour conter ses (més)aventures : Bravo ! Alors, du coup Maxime as-tu quand même vu les fameux pêcheurs au carrelet à Kochi ?

    1 janvier 2021 à 15 h 38 min
    • Max Répondre

      Bonjour Sylvie,
      Oui, j’ai quand même passé une semaine à Kochi, j’ai même eu la chance de prendre certains pêcheurs en portrait.
      De bons souvenirs malgré une fin chaotique.
      Merci pour votre commentaire !

      3 janvier 2021 à 21 h 56 min
  • Paolo Répondre

    Super drôle et touchant. J’adore toujours autant ta façon de raconter !

    31 mars 2020 à 18 h 45 min
    • Maxime Répondre

      Moi, j’attends avec impatience ton prochain livre 🙂

      Merci, mon ami !

      1 avril 2020 à 7 h 36 min

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