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Baan Mama : comment persuader un éléphant qu’il est bien traité ?

J’ai passé deux semaines au camp d’éléphants du Baan Mama, près de Kanchanaburi en Thaïlande. Voici six combines pour faire croire à un éléphant qu’il est bien traité.

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Baan Mama : comment persuader un éléphant qu’il est bien traité ?

Tu veux avoir un éléphant dans ton jardin ? Ben je te souhaite bon courage ! J’en ai eu un pendant deux semaines. Entre la bouffe, les promenades et la porte d’entrée à réparer toutes les 7 minutes parce que monsieur n’a « jamais appris à toquer doucement avec la trompe », j’ai vite regretté Teddy Riner, mon Terre-Neuve que j’ai fait piquer le mois dernier. Il était tellement gentil que j’ai dû mordre un gosse à la joue moi-même et faire croire que c’était lui. Un procédé moche, je sais. Mais bon, ça fait toujours 700 balles de croquettes économisés tous les mois !

En tout cas, un éléphant c’est différent. Ça va porter plainte pour maltraitance à la moindre nacelle sur le dos ou dès qu’on lui crie dessus cet animal. Dans cet article, je t’explique comment tu dois procéder pour faire croire à un éléphant qu’il est bien traité.

Attention : de la mauvaise foi s’est malencontreusement glissée dans cet article. Toute l’équipe d’Universlemonde te présente ses excuses pour la gêne occasionnée.

Baan Mama 1 : louer un terrain pas trop moche

Le Baan Mama, c’est vers Kanchanaburi, au bord de la rivière Kwaï. C’est cette fameuse rivière, en 1943, où les Japonais voulaient construire un pont. Tout ça afin d’agrandir l’empire de leur réseau ferroviaire et vendre plein de sandwichs triangles dégueulasses et hyper chers dans leurs trains pour se faire encore plus de pognon.

Le camp fait face à la rivière. Il baigne dans l’ombre des arbres avec des champs et la jungle aux alentours. Quand t’es un éléphant et que t’as passé ta vie dans les camps à touristes pour trimballer Josiane et Gilbert qui confondent ton dos avec la rampe de lancement du Space Mountain à Disneyland, tu cherches le piège.

Baan Mama

Un bel habitat pose les bases d’une relation saine en apparence et rend un nouvel hôte toujours moins méfiant. Mais on peut être bien traité en prison comme maltraité dans un château entouré de serviteurs.

Baan Mama 2 : nourrir ton éléphant quand il a faim

Quand Tao est arrivée, elle sortait d’un camp à nacelles où son mahout* jouait au chass’taupe sur son front. Comme elle perdait tout le temps, elle lui a dit un jour qu’elle avait plus envie de jouer. Il aurait été retrouvé le matin suivant pendu à un arbre. Avec 12 balles dans le dos. Et une trace de trompe d’éléphant sur le front. La police n’excluait pas la thèse du suicide, mais on a quand même tout mis sur le dos de cette pauvre Tao. Et sans aucune preuve !

Baan Mama

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Résultat : elle a été punie et amaigrie contre un arbre pendant des mois. Puis elle a été condamnée à perpétuité chez Baan Mama.

Du haut de ses 57 ans et après avoir grossi de 500 kg, elle dit ne plus en pouvoir des bananiers par dizaines, des kilos de fruits et des compléments alimentaires qu’on la force à manger toute la journée.

Ci-dessous, une tentative de braquage à la « tour aux bananes. »

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*Mahout est le nom du dresseur d’éléphants en Thaïlande.

Baan Mama 3 : l’obliger à se balader et à se baigner tous les jours

T’as accueilli ton éléphant, tu lui as fait faire le tour du propriétaire et tu lui as filé le double des clés du frigo. C’est pas mal, mais on lui a déjà fait la même avec livraison de roses à domicile en plus. Pour qu’il commence à t’apprécier, il faut devenir un bon copain. Un acolyte, un poto de galères avec qui on fait les 400 coups quoi. Tu le laisses faire tranquillement sa balade du matin avec autorisation d’ingurgiter tout ce qui se trouve à portée de trompe. Puis tu finis par une entrée gratuite aux bains naturels du coin : la rivière Kwaï.

Baan Mama

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Pour parfaire le tout et qu’il y croit à fond, tu recommences l’après-midi et tous les autres jours aussi.

Au Baan Mama, Tao se baigne de son côté. Parce que de l’autre, il y a les sœurs Tami et Douidouille, 20 et 23 ans, qui passent leur temps à faire des bombes dans l’eau et des parties de waterpolo !

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Sans compter sur Chiang Raï, le bébé de Tami, qui à 3 ans n’a rien d’autre à faire que se jeter dans l’eau et se rouler dans la boue.

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Baan Mama 4 : le laisser marcher librement toute la journée

La nuit, c’est mieux d’attacher ton éléphant. Parce qu’il passe son temps à bouffer et qu’il peut marcher jusqu’à 15 km en une nuit. Et t’as pas envie d’aller le chercher tous les matins et de rembourser le paysan d’à côté qui a découvert une scène d’Apocalypse Now en lieu et place de son champ de cannes à sucre.

C’est rare de trouver des mecs qui aiment l’odeur du napalm au petit matin.

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Alors tu l’attaches avec une chaîne à une seule patte et assez longue pour qu’il puisse bouger à sa guise durant la nuit. Il va se poser des questions. Mais comme tu viens le détacher tous les matins pour le laisser gambader et vaquer à ses occupations d’éléphant (tricot, ping-pong ou jardinage, que sais-je !), il va encore plus tomber dans le panneau et croire que t’as vraiment envie de bien le traiter.

Au Baan Mama, les éléphants sont libres d’aller et venir à leur guise toute la journée. Tu peux être dérangé au café par Douidouille qui tente une clé d’étranglement avec sa trompe sur ce palmier qui ose pousser devant la rivière ou au restaurant quand Tao vient réclamer ses compléments alimentaires, chaque jour à 15 heures. Ouais, ça devient vite exigeant un éléphant qui se croit bien traité !

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Seul Chiang Raï n’est pas détaché toute la journée. Il a 3 ans et toujours une connerie en tête alors on l’attache quand son mahout mange ou prend ses pauses.

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Baan Mama 5 : utiliser le dago avec douceur

Le dago, c’est un bâton avec un crochet en fer au bout. Quand on le voit, on se dit qu’un tel objet a forcément été forgé par Sauron à l’époque où il était bijoutier dans la montagne du Destin. Mais ce n’est pas en sifflant avec tes doigts ou en susurrant « kilou-kilou » comme à ton labrador que tu vas arrêter un animal de 3 mètres de haut et de 3 tonnes de muscles lancé à vive allure.

Win, le mahout de Tao.

Chaï, le mahout de Douidouille avec son dago.

Tami : l’éléphant qui a peur de tout

Au Baan Mama, Tami est partie en courant parce qu’elle a eu peur d’une chèvre. Si son mahout n’avait pas eu son dago pour la calmer et l’arrêter en tirant sur le dessus de l’oreille, elle aurait sûrement fait un strike avec les neuf personnes qui se trouvaient sur sa route ce jour-là. Quand tu vois 3 tonnes te foncer dessus à 35 km/h, tu ne vas pas reprocher au mahout d’utiliser un outil qui va te sauver la vie.

Elle est mignonne et paraît même presque féminine comme ça. Mais méfie-toi, car sa vivacité et sa force pourraient transformer un groupe d’humains en étal de crêpes en quelques minutes à la moindre panique.

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Heureusement, la grande sœur Dpuidouille est aussi là pour la rassurer.

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Le dago

C’est un objet impressionnant, mais tout dépend de l’utilisation qu’on en fait. On peut faire comme l’ancien mahout de Tao ou l’utiliser simplement pour guider l’animal en douceur. C’est comme les marteaux ! On en vend à chaque coin de rue. Mais on ne sait pas si le client est équilibré ou plus marteau que l’outil en question. On voit le côté utile de l’objet. Mais si Joe la Bricole décide, entre deux clous, d’aller fracasser la tête de René-Maurice qui lui doit une clope depuis samedi dernier, va-t-on arrêter de vendre des marteaux pour autant ?? Je pose la question calmement !

Baan Mama

Baan Mama

Pour continuer dans ton opération séduction avec ton éléphant, utilise le dago avec douceur et légèreté. Comme il s’attend à de la violence, il sera pris au dépourvu. Après tout ça, il sera bien obligé de mettre un bon commentaire sur TrompAdvisor. Parce que l’ambiance est plutôt bonne et les dagos sont nos amis au Baan Mama.

Baan Mama 6 : ne pas tout le temps lui monter dessus

J’ai ouï dire qu’on ne peut pas monter sur un éléphant parce que ça lui fait mal. Autant arrêter de faire du cheval, des courses de grizzly et d’aller aux champignons en licorne à ce compte-là !

écovolontaires dans un camp d'éléphants

Monter à cru et tout seul sur le cou d’un éléphant qui pèse 3 tonnes ne lui fait pas plus mal que si tu portes un chat sur ton épaule. Si on te met un harnais avec 3 chats dedans et qu’on te dit de faire le même tour en plein soleil toute la journée, t’auras sûrement envie de poser ta démission, un burnout ou du cyanure dans le café du patron avant de rentrer à la maison.

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C’est tout le processus de domestication par la violence puis de mise au travail dans un camp à nacelles qui ne respecte pas le train de vie naturel d’un éléphant qui n’est pas bon pour eux.

Au Baan Mama, les mahouts communiquent avec leurs éléphants pour leur demander s’ils acceptent de laisser quelqu’un monter. Ils disent parfois oui et parfois non. En ce qui concerne Tao, elle observe une retraite bien méritée, on ne lui demande même plus. On la laisse à ses balades, ses baignades et ses affaires courantes de la vie d’une éléphante retraitée.

7 (bonus) – Lui coller des volontaires aux basques

Pour faire toutes les sales besognes, tu lui envoies des esclaves volontaires. Ils iront lui chercher à manger avec les mahouts. Puis ils l’accompagneront dans ses balades et ses baignades. Tu les feras même ramasser son caca. Et sans pelle à neige des fois ! Le mieux, c’est qu’ils vont payer pour ça.

Là, j’étais tombé sur une semaine où les volontaires n’avaient pas trop de volonté.

Mais une équipe de feu pour les karaokés !

écovolontaires dans un camp d'éléphants

Ils avaient même tenté la fuite avant que je ne les rattrape de justesse par la portière !

écovolontaires dans un camp d'éléphants

Dans la plupart des camps en Thaïlande, les volontaires payent cher pour charrier de la merde et des bananiers sans voir l’ombre de la trompe d’un éléphant. Ceux du Baan Mama ne sont pas mal lotis.

On rencontre des éléphants, des mahouts et plein de gens extra qu’on n’arrive plus à quitter après.

8 (bonus 2) – Ne pas relâcher ton éléphant dans la jungle

Après avoir lu tout ça, je sais ce que tu te dis. Une fois que t’auras ton éléphant, tu vas attendre la nuit et l’emmener sur ton scooter pour le remettre en liberté dans la jungle la plus proche. Et bien que nenni ! Car déjà mettre un éléphant sur un scooter ce n’est pas possible, il faut un permis spécial.

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Ensuite, si tu le relâches dans la jungle, il va vouloir revenir vers l’homme, car il ne pourra pas se nourrir tout seul. Et puis quand il va rencontrer des éléphants sauvages, ils vont le rejeter en lui disant qu’il a choisi son camp ! Avec tout ça, il peut même leur amener des maladies mortelles pour eux. C’est comme si tu lâchais un Chinois pour qu’il tousse son Coronavirus de l’enfer sur les gentils et très souriants Parisiens autour de la tour Eiffel !

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En plus, si tu le relâches dans la jungle, il va vraiment croire que tu ne veux pas de lui. Et t’auras fait tous ces efforts pour rien. Alors qu’au Baan Mama, on accepte tous les éléphants !

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L’homme et l’éléphant, main dans la trompe !

Baan Mama : comment persuader un éléphant qu’il est bien traité ?

Si tu suis tous mes conseils à la lettre, ton éléphant devrait commencer à bien t’aimer assez rapidement. Ton plan, c’est de continuer sur cette lancée pendant suffisamment de temps pour qu’il baisse complètement sa trompe et sa garde. Tu fais comme au Baan Mama, tu fais en sorte que les gens voient tout sans rien cacher. Et une fois que vous serez devenus cul et chemise, copains comme cochons, Will & Carlton du Prince de Bel Air, Mr Burns & Smithers des Simpsons ou encore Batman & Robin de… Batman & Robin, et bien il faudra continuer encore et encore parce qu’un éléphant, ça se trompe pas si facilement.

Merci Mama ♥

Rends-toi sur le site officiel du Baan Mama pour tout savoir et rencontrer les éléphants en tant que visiteur ou écovolontaire.

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Comments (4)

  • Alizée M. Répondre

    Je sais pas si mon commentaire a fonctionné alors dans le doute je re tente ma chance :
    Merci pour cet article teinté d’humour car je pense aller rendre visite à ces majestueux animaux (une nouvelle fois !) lors de mon tour d’Asie sans avion !

    10 mars 2020 à 21 h 48 min
    • Maxime Répondre

      Les deux ont marché du coup 😀

      Tout pareil que la réponse ci-dessous 😉

      11 mars 2020 à 16 h 49 min
  • Alizée M. Répondre

    Ton article est plutôt sympa ! J’avoue j’ai ris par moment ^^
    Je suis super heureuse de lire ça car je compte y faire un passage l’année prochaine durant mon tour d’Asie sans avion 🙂

    Merci pour ton article et tes jolies photos !

    10 mars 2020 à 21 h 43 min
    • Maxime Répondre

      Super, je te conseille vraiment un séjour au Baan Mama. Tu y feras de superbes rencontres, humaines comme éléphantesques. 😉

      Bon voyage et merci pour ton commentaire 🙂

      11 mars 2020 à 16 h 44 min

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