Mahabalipuram : le calme après la tempête

Voyage en deux temps à Mahabalipuram. Oui, cette ville existe !

Vous avez déjà vécu une catastrophe naturelle ? Nous, on l’a évitée de peu. Deux jours avant notre vol pour Chennai, on apprend qu’un cyclone vient de passer par là, emportant tout sur son passage. Nous sommes choqués, abasourdis, interloqués. La ville est-elle vraiment dévastée ? Notre vol est-il annulé ? Paye-t-on réellement quelqu’un pour donner un nom aux catastrophes naturelles ?? Réponses : « On verra sur place. Non. Si oui, peut-on l’appeler Jean-Michel ? » Le cyclone est passé et notre but est de rejoindre Mahabalipuram, un petit village côtier à 50 km au sud de Chennai. Il nous faut simplement trouver de quoi passer la nuit avant de repartir.

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Déchiffrer des lettres

Dès l’arrivée, on est mis au pli. À la sortie de l’aéroport, le passage sous terrain qui mène au train de banlieue est inondé donc à moins d’être un amphibien ou de s’appeler Jacques-Yves Coustaud, impossible de passer. Il faut traverser par la deux fois quatre voies en face de nous, avec notre maison sur le dos. Ce qui pourrait passer pour un acte suicidaire en France devient une banalité de la vie quotidienne après trois mois en Asie.

En Inde, dès qu’on change de ville, on a l’impression de changer de pays. C’est déroutant parfois. Surtout quand on arrive dans le Tamil Nadu (le pays des Tamouls), région du sud-est de l’Inde. Ici, en plus, on change de langue ! Des signes très bizarres , on dirait qu’on a confié l’écriture des panneaux de la ville à des enfants. Pour vous montrer, on a écrit n’importe quoi en Tamoul :

எதையும் = n'importe quoi

Pour trouver notre arrêt, on s’en remet à l’Indien à côté de nous qui nous annonce qu’il y a un changement quatre arrêts plus loin. Donc on le suit quand, sans crier gare, il demande si l’on est mariés, question récurrente en Inde à laquelle Maxime répond : « Qu’est-ce que ça peut te foutre ?! » « Oui, tout à fait ! » avec un grand sourire.

Chennai pas envie de rester

Nous voilà dans le centre de Chennai pour chercher notre hébergement, il est 19 heures. La guesthouse recommandée par des amis affiche complet et l’électricité n’est pas rétablie dans toute la ville. On enclenche donc le radar à hôtels avec option non sinistré. Recherche immédiatement contrée par le radar à pognon de l’Indien de l’autre côté de la rue. Il nous rejoint à grandes enjambées avec un sourire de Joker affichant ses belles dents mi-noires mi-jaunes mi-absentes. Il connaît l’hôtel qu’il nous faut, au prix qu’il nous faut, etc., etc. On connaît le refrain et on n’y croit pas une seule seconde, mais on va voir, juste au cas où. La chambre n’est pas chère, mais les cafards en sortent en courant. Si même eux n’en veulent pas…

Huggy les moyens tuyaux

Il nous montre ensuite une chambre encore plus sale, aaah les cochons (oui, les cochons d’Inde) (Gaëlle se désolidarise totalement de cette blague que Maxime assume complètement). Il prétend qu’à cause du match de cricket du soir les hôtels sont tous pleins et qu’on ne trouvera rien sans lui. T’es sympa Huggy les bons tuyaux percés, mais on va se débrouiller sans toi, merci bien. On prend congé de notre super agent immobilier pour aller dans une rue où il n’y a que des hôtels.

Comme la nature fait bien les choses, le seul qui a échappé au cyclone est le plus cher. Et comme la nature fait vraiment bien les choses, juste à côté de l’hôtel se trouve un restaurant spécialiste du poulet. Après dix jours à écumer les restos végétariens du nord de l’Inde, on sait tout de suite où on mangera ce soir. C’est un régal et à prix cadeau, mais le nom est écrit en Tamoul. Dommage !

Mahabalipuram : Mamma… quoi ?

Le lendemain, on se met en quête de notre bus. On arrive à la gare indiquée dans notre guide. À l’entrée, on tombe sur un panneau géant avec les têtes des Indiens morts pendant le cyclone, pour que les familles les reconnaissent. Glauque. On demande le bus pour Mahabalipuram, pas de réponse. Avec le second nom de la ville, Mamallapuram (explications plus loin), toujours pas de réponse. On réessaye en tentant plusieurs accents, des mimes (là faut être balèze) puis on finit par l’écrire. Ça y est, il a compris. Mais on n’est pas dans la bonne gare, elle est à 15 km d’ici. À ce moment-là, on a qu’une envie c’est d’appeler la rédaction de notre guide pour leur expliquer qu’il faut aller dans le pays AVANT d’en éditer le guide, et non l’inverse (Lonely Planet, si tu nous lis…).

Mahabalipuram, comme ça se prononce !

On arrive à Mahabalipuram en fin de journée. Le petit village (15 000 habitants) qu’on imagine paisible et coloré. Et effectivement, il est coloré. Paisible c’est une autre histoire, déjà parce que le mot paisible prend un autre sens en Inde. C’est-à-dire que quand on ne voit que deux mendiants et quatre vaches en même temps sans trop de klaxons c’est plutôt paisible, vous voyez ?! Bon, là c’est quand même pas mal paisible. Le cyclone est passé arranger tout ça. Il n’y a plus d’électricité dans le village, pas de distributeur en vue et les rares hôtels qui prennent la carte n’ont pas de générateur de secours. Il n’y a pas plus paisible !

Dans l’enfer d’un hôtel de luxe à Mahabalipuram

Le village est maintenant entièrement plongé dans le noir. On trouve un hôtel, qui a son générateur et qui prend la carte bleue, car les DAB étaient tous fermés à Chennai. Évidemment c’est l’un des plus chers du village. Ben oui, ce n’est pas le papi du coin qui a monté sa cahute en bois sur la plage pour la louer 450 roupies (6 €) qui va nous sortir un boitier carte bleue ! L’hôtel est très beau, avec une belle chambre et pas loin de la plage. Un moment du voyage pas facile du tout. Le lendemain, on découvre un buffet gargantuesque en guise de petit déjeuner au bord de la piscine. On ne vous avait pas dit pour la piscine ? Pas facile, on vous dit !

On reprend la route vers Pondichéryon reste jusqu’à Noël pour faire notre activité préférée (s’empiffrer pour ceux qui ne l’ont pas encore compris) en attendant que tout soit remis sur pied. Lorsque l’on revient, l’électricité fonctionne, les gens sont heureux, les DAB ouverts et les oiseaux gazouillent. On trouve même notre guesthouse du premier coup, une bonne pioche à 700 roupies (9,60 €). Que demande le peuple !

Mamallapuram

Le village s’appelait Mamallapuram à une certaine époque. Mais les locaux on décrété que c’était trop dur à prononcer et que ça faisait fuir les touristes. Ils ont donc changé de nom ! Pour changer le nom d’une ville, les Indiens ont leur méthode. Mettez toutes les lettres du scrabble (sans le « e » sinon c’est pas drôle) dans un sac, secouez, sortez-les et c’est gagné : Mahabalipuram, comme ça se prononce ! Enfin un nom simple et prononçable dont les touristes se souviendront. Maintenant, tout le monde l’appelle « Mahabs ».

Mahabalipuram

Le village est quand même sympa, car même s’il y a des touristes on se sent bien entre toutes ces maisons colorées. La plage est belle, mais remplie de bateaux de pêcheurs et le courant est très fort. Il y a des vaches (précision inutile, il y a des vaches PARTOUT en Inde), en petits groupes de cinq ou six occupées à se faire dorer la pilule. Il fait chaud et c’est vrai que c’est tentant, mais pour les Indiens la mer c’est un peu un local poubelle. Et un peu les toilettes aussi. Bref, pas de baignade pour nous !

Mahabalipuram

Mahabalipuram

Le monument phare de Mahabalipuram

On profite de la seconde journée pour visiter, car dans ce petit village se cache un site classé au patrimoine mondial de l’humanité. Il n’est pas très grand, mais renferme des sites archéologiques magnifiques comme « la descente du Gange », une fresque taillée dans la pierre. Il y a la boule de beurre de Krishna, un gros rocher en forme de boule qui semble tenir en équilibre dans une pente un peu (beaucoup) par l’opération du Saint-Esprit et quelques temples. Krishna, pour vous donner une idée, c’est l’équivalent de Jésus pour les hindous.

Comme d’habitude on veut tout explorer, et pour aller voir le phare on passe par le sommet des rochers qui longent le chemin tout tracé. On se perd avec une famille indienne avec qui on fait des selfies (pour changer), et on finit par arriver au pied du phare. Bon il n’a rien d’exceptionnel, mais on n’était jamais montés dans un phare ! Anomalie de nos vies enfin réparée à 25 et 30 ans. On profite de la vue et on redescend.

Mahabalipuram

Mahabalipuram

Mahabalipuram

Mahabalipuram

Mahabalipuram

L’affaire est dans le sac

On aurait aimé y rester un peu plus longtemps, mais on ne peut pas, car on a notre avion pour Bangkok ! Si vous passez par là, allez-y. Car un endroit aussi paisible, c’est dur à trouver en Inde.

On part le lendemain pour l’aéroport de Chennai, tous les quatre. Oui, car nos sacs sont considérés comme des voyageurs par le contrôleur du bus qui nous demande de payer quatre tickets au lieu de deux. On pourrait penser à l’utilité d’une soute dans ce genre de cas. Car, de temps en temps, il arrive que des voyageurs aient l’idée d’emmener quelques affaires avec eux. Mais les bus indiens n’en ont pas !

Mahabalipuram

Dès qu’il faut sortir une roupie de plus, comme d’habitude on proteste. On dit que c’est du vol, qu’on ne payera que deux places et que c’est comme ça. Sauf que cette fois le contrôleur nous montre la pampa indienne à travers la porte ouverte du bus, en mode si on ne paye pas on descend. Tout le monde nous fusille du regard et notre avion pour Bangkok décolle dans 5 heures. On réfléchit à peu près 12 secondes, on se dit que finalement ce n’est pas la mort, 54 roupies de plus (0,70 €, ça va !), puis on sort les billets.

Mahabalipuram

Tuktukman

L’arrivée à Chennai est très classique. À la descente du bus, un chauffeur nous interpelle :

  • Tuk Tuk ?
  • Non merci.
  • Pas cher.
  • Non merci.
  • Prix d’ami.
  • Non merci.
  • Vous allez faire comment ?
  • On va prendre le train.
  • Le train est plein.
  • On prendra le suivant.
  • Le train c’est trop long.
  • Tu sais pas où on va.
  • Mais c’est trop cher !

On prend le premier train pour l’aéroport qui dure 15 minutes et coûte 10 roupies (0,13 €) pour deux. Haha ! Prends ça tuktukman !!!

On passe nos 4 heures d’attente à l’aéroport à ressasser ce mois très intense dans ce pays où l’on a eu le sentiment d’être parfois comme à la maison, parfois sur la planète Mars. Maintenant, retour sur Terre et direction Bangkok !

Marchez sur nos pas !

1 € = 71 Roupies indiennes (INR)

Dormir à Mahabalipuram

  • Hotel Mahabs (1er séjour) : 1 756 INR (24 €) la chambre pour deux, avec Wifi, eau chaude, piscine, et petit déjeuner à volonté. Le top du top, mais totalement hors budget en Inde !
  • Siva Guesthouse (2ème séjour) : 700 INR la nuit (9,60 €) la chambre pour deux, avec Wifi et eau chaude. Rien à redire, tout était parfait !

Dormir à Chennai

  • Hotel Pandian : 1 855 INR (25,30 €) la chambre double avec Wifi (limité), eau chaude et petit déjeuner à volonté.

Manger à Mahabalipuram

  • Freshy’N’hot : pour le café, masala chai et les pancakes. Juste en face de Siva Guesthouse.
  • Wok to Dhabat : sur l’avenue principale, chinois et indien.
  • Le Yogi : tenu par une Française et un Indien. Bonne viande.

Les transports

  • Mahabalipuram depuis la gare routière CMBT de Chennai : 45 INR/personne (2,10 €), 1 heure 30. Un bus part toutes les heures en moyenne.
  • Mahabalipuram depuis la gare routière de Pondichéry : on ne connaît pas le prix vu que personne ne nous a demandé de payer, 2 heures. Un bus part toutes les heures en moyenne.
  • L’aéroport de Chennai : depuis la gare routière de Mahabalipuram, prendre le bus N° 515 en direction de la gare Tambaram (1h30). 27 INR/p. et par sac ! Ensuite, à la gare Tambaram, prendre le beach train et descendre à Tirisulam pour 5 INR/p. (0,06 €) 3 arrêts plus loin (15 minutes).

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Comments (4)

  • Florian Répondre

    Super intéressant, j’aimerais beaucoup découvrir l’Inde ! 🙂

    13 février 2017 à 14 h 25 min
    • Gaëlle & Maxime Répondre

      Merci Florian, l’Inde est vraiment un pays à part donc vraiment à voir selon nous !

      15 février 2017 à 14 h 22 min
  • Michèle Répondre

    J’ai adoré le récit de votre périple et votre sens de l’humour. Bravo !

    8 février 2017 à 20 h 09 min

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