On aurait pu titrer « Tour du monde : le retour ! Mouhahaha » mais ça fait déjà assez mal comme ça.
Inspiré de faits réels
Un retour de tour du monde, c’est comme un plateau de fromage sans pain ou des chaussettes impunément installées dans des sandales, ça devrait jamais arriver. Si le premier exemple prouve une nouvelle fois qu’on parle (trop ?) de bouffe, le second est totalement inapproprié. On est Français, pas Allemands.
Cet article est dédié à tous les voyageurs, en herbe ou en sable, qui ont cru partir un jour sans retour. Effacer notre amour. Sans se retourner …
- On est partis, on a vu, on est revenus : Lisez le bilan de notre tour du monde en cliquant ici.
- Pour que vous n’ayez plus d’excuses, on vous a établi un planning pour préparer votre tour du monde. À lire ici.
Le retour du jetlag
Sortez les mouchoirs, la boucle de notre tour du monde est bouclée. Le jour du retour, on profite des 8 heures d’escale à Londres pour tenter de décompresser d’un an de vie nomade et des 13 heures d’insomnie aérienne du vol précédent depuis Buenos Aires. C’est le moment où l’on se remémore des tonnes de souvenirs entre deux instants de somnolence en mode paupières lourdes, semi bave aux lèvres, avachis sur le seul morceau de banc oublié du terminal. On est là mais ailleurs, le cerveau submergé de souvenirs, de rencontres et d’appréhensions face aux retrouvailles familiales et amicales sur lit de charcuterie sauce fromage. Quelques heures plus tard, grâce à notre regard tout neuf sur la vie, on découvrira notre propre pays.
On l’avoue, entre l’aéroport et la maison, on imaginait une douche et un lit. C’était sans compter sur les 50 énergumènes qui nous attendaient devant le portail (on peut jamais être tranquille chez soi). On avait même droit à un camion à pizzas dans le jardin et des plateaux de fromages et charcuterie à foison. Une surprise totale et de taille pour une soirée de retrouvailles incroyablement riche en émotions et qu’on n’oubliera pas de si tôt.
La saison du retour a son importance, l’été peut mieux faire passer la pilule en retournant à « une vie normale » en tongs et en douceur quand l’hiver pourrait nous filer le cafard. Ben oui ! C’est pas les pluies diluviennes, les – 3°C annoncés par l’immuable Catherine Laborde et la morve qui coule du nez qui vont nous donner envie de rester dans notre pays ! Stratégiquement, on a planché sur octobre, début de la saison des raclettes (elle ouvre de plus en plus tôt chaque année, non ?) et en plus on a eu la chance d’avoir du soleil tout le mois. À Lyon. Franchement, y’a plus de saison !
Maintenant, fini de rigoler. Voici le retour comme si vous y étiez.
Le retour après l’heureux tour
Les deux premières semaines se vivent sous le signe de la joie et de la volupté, vous retrouvez la famille, vos marques, la nourriture. Vous en avez encore peur mais vous vous approchez tout doucement. Vous tendez un doigt puis la main et vous vous rendez compte que l’eau du robinet n’est plus votre ennemi. Plus d’hôtels, encore moins de taxis ou de restos à trouver chaque jour, plus de monnaie à convertir ou de langue à traduire.
Vous pratiquez le jeu des 7 différences quotidiennement avec une aisance remarquable et, mis à part le lotissement sorti de terre qui vous empêche désormais de faire du naturisme dans votre jardin et ce nouveau radar automatique qui vous a flashé deux fois à 56 km/h, vous ne notez pas énormément de changements.
Vous retrouvez un confort perdu et fantasmé depuis un an. Blotti dans un lit douillet, vous savourez le luxe d’un logement chauffé, d’une douche brûlante après laquelle vous aurez moult choix de vêtements au sein d’une garde robe bien remplie. Une garde robe qui fait passer vos vêtements de tourdumondiste pour les freloques de Jacouille. Freloques que vous regardez désormais avec nostalgie, une larmichette au coin de l’œil. Là, vous profitez du calme ambiant pour vous reposer et vous prenez du temps pour penser. Penser à cette aventure infernale vécue à 1000 à l’heure où l’irréel vient s’immiscer pour flirter avec vos souvenirs. Avez-vous vraiment vécu tout cela ?
Ai-je vraiment visité Phnom Penh sur mon scooter rose ???
Le retour du cafard
Après un mois, l’euphorie retombe comme un soufflet, c’est la crise. Vous vous réveillez péniblement après une douce nuit sur une île thaïe, le « muchas gracias » lancé le plus naturellement du monde n’amuse plus Josiane au supermarché du coin et vous maudissez sur 8 générations les voyageurs qui osent vous demander des conseils pour leur tour du monde en approche (pour ceux qui nous lisent, on plaisante. Un peu !). Le diagnostique du médecin est formel et la sentence de Denis Brogniart irrévocable : Vous souffrez d’une entorse du moral !
La réalité du retour est imprévisible et la fusée « tour du monde » vous a lâché sur une nouvelle planète : La planète Occident ! Sur cette planète, vous tenez un agenda où est écrit votre futur, sans possibilité d’y échapper. Du rendez-vous chez le garagiste aux retrouvailles amicales en passant par le travail, rien n’est laissé au hasard. Pire encore : Vous devez dire quand vous partez en vacances et quand vous revenez (en général deux semaines après) ! Ce qui vous paraissait être la vie normale un an auparavant vous donne une furieuse envie de filer à l’anglaise aujourd’hui.
L’émerveillement et la découverte ont déserté votre quotidien, sans crier gare. Votre corps redemande de l’activité et pleure dame Adrénaline de l’avoir lâchement quitté du jour au lendemain.
Vos phrases commençant par « dans la jungle birmane … » ou « quand j’ai grimpé un volcan en Indonésie … » semblent ne plus avoir la même aura qu’auparavant, la désintox’ est pénible et la cure lente. Vous partez chercher du travail en marche arrière en pestant contre le sombre individu qui a émis un jour l’idée de fournir un effort productif durant 8 heures par jour contre rémunération. Le travail quotidien étant fortement ancré dans notre société, l’espoir que la majorité de votre entourage comprenne vos buts et aspirations de voyage reste très mince.
La plupart des gens s’attend à vous voir réintégrer la société, car après avoir bien profité de la vie, il faut rentrer dans les clous pour en reprendre une dite « normale ». Ils ignorent – ou veulent ignorer – que votre destin vient de changer, qu’il a pris un souffle nouveau. Après cette année de folie, vous ne verrez plus les choses de la même manière. La seule pensée de trouver un CDI pour vivre un quotidien à répétition lors des trente prochaines années équivaut à mettre votre tête dans un étau avec un best of de JUL qui tourne en boucle.
- Et le voyage, on en parle ?
- Ben oui, on en parle !
Vous avez envie d’en parler toutes les 4 minutes. À peine le mot « voyage » est-il prononcé à 2 km à la ronde que vous accourez, comme pour reprendre une dose de cette drogue dont vous ne serez jamais sevré. Vous vous attendez, tel un citron, à être pressé pour extraire ce nectar de monde qui coule en vous.
Quand on te demande : « Alors, c’était bien? »
et qu’on se contente d’un « oui » …
Mais une trop grande attente génère souvent une frustration proportionnelle. Les gens de votre entourage qui voyagent le plus en parlent librement et avec joie quand les autres se contentent de demander quand vous allez repartir, conscients que cette folle chevauchée à travers le monde n’a fait qu’attiser votre addiction au dépaysement.
N’attendez pas de réaction de telle ou telle personne parce qu’elle est proche de vous avant le départ. Un frère ou une sœur peut ignorer ce que vous avez vécu sans donner de raison quand une tante que la vie avait éloignée se met à suivre vos voyages.
Votre blues est bien réel mais illégitime pour votre entourage qui vous rappelle que vous étiez en voyage quand il était au boulot et compare souvent votre aventure à des « vacances ». D’autres personnes ont disparu de vos radars depuis que vous avez franchi la porte des étoiles à tout jamais pour aller vivre dans une galaxie lointaine, très très lointaine.
La vie « normale »
Vous êtes revenu dans un monde similaire à celui que vous aviez laissé, un an auparavant. Josy de la compta se plaint encore de son patron qui lui donne trop de boulot, Jean-Mich’ prétend toujours économiser pour quitter la France alors qu’il passe ses week-end à boire sa paye en boîte, tonton Jean-Yves cultive son addiction au pinard et l’épluche-crevettes n’a toujours pas été inventé.
Dans ce tableau, la seule chose qui a vraiment changé, c’est vous. Vous êtes devenu minimaliste et chaque situation vous fait relativiser. On n’irait pas jusqu’à dire que la visite d’un contrôleur des impôts vous laisserait de marbre, mais la panne de courant du lundi soir qui vous prive de L’amour est dans le pré passe toujours mieux quand on a galéré à trouver un hôtel en Chine, ou de l’argent pour manger en Inde.
Le fait d’avoir échangé 1 euro contre des milliers de dongs vietnamiens ou roupies indonésiennes et d’avoir mangé des plats à 1 € dans tous les marchés du monde a modifié votre rapport à l’argent. Un déodorant à 5 € a une valeur inestimable à vos yeux et vous n’êtes pas loin de la syncope quand on vous demande 12 € pour aller voir les Tuche au cinéma ! (ouais, on assume tout nous)
Le stress de rater un bus ou d’arriver en retard quelque part s’est évaporé, réduit en fumée par une soif incommensurable de spontanéité. Les longs trajets qui vous promettaient l’enfer avant ne sont rien à côté des 19 heures de bus pour parcourir le quart de l’Argentine. Bref, vous faites moins de cacas nerveux, pour reprendre cette expression qui commence lentement à sombrer dans l’oubli.
Spoiler Alert : Vos parents, 2 semaines après le retour !
Tour du monde : Le retour !
Aventurier, avant tu riais, c’était sans compter que ton retour à grands pas approchait. L’atterrissage a été brutal mais il est temps de remettre le pied à l’étrier et de savoir ce que tu veux pour ton avenir. Alors résiste, prouve que tu existes !
Le retour a bien des mauvais côtés, mais on s’est rendu compte aussi à quel point nous ont manqué nos familles et nos amis. Depuis notre retour, on profite de tous nos proches ! On a aussi entamé un tour de France pour essayer de voir le plus de monde possible et même retrouver plusieurs amis rencontrés en cours de route. On retrouve notre pays qui nous a aussi manqué et tous ses atouts qui en font un pays unique à nos yeux.
La France nous manquait même depuis le Salar de Uyuni, en Bolivie
On a fait nos recherches et il s’avère que le virus du voyage est sentimentalement transmissible. Si vous rencontrez des voyageurs, ne sortez pas couverts et laissez vous contaminer ! Faire du sport peut être un bon moyen pour se défouler et les randonnées peuvent aider à « rester dans le bain » de la découverte. Mais revoir des voyageurs rencontrés en chemin, des gens qui ont vécu des émotions similaires aux vôtres, donc qui vous comprennent, vous fera le plus grand bien.
Vous pouvez aussi rencontrer d’autres voyageurs dans les Apéros-voyageurs ou au Verre du voyageur. Nous sommes également adhérents à l’association ABM, où nous rencontrons régulièrement des voyageurs pour échanger sur notre passion commune.
Après 4 mois de retour, nous sommes repartis sur d’autres projets de voyage que vous pourrez bientôt découvrir sur le blog. On s’est remis en mode économie depuis que d’autres buts ont été fixés. Pour connaître toutes les astuces qui nous ont permis d’économiser afin de vivre notre rêve, cliquez ici.
Alors soyez fort, grand, beau, actif et ayez des projets. Vivez votre vie comme vous l’entendez et mettez toujours vos rêves en priorité. Pour finir, on citera l’illustre Forrest Gump qui aimait conclure de sa frêle et douce voix : « C’est tout c’que j’ai à dire à propos de ça ! »
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Merci 🙂
Tu as ri à gorge déployée et trouvé des bons plans mais pas de photo de moi tout nu et tu veux que ça continue ?
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Comments (17)
Bravo pour cet article génial. On aurait voulu décrire ce que l’on vit qu’on y serait jamais arrivés aussi bien que vous! Nous sommes en effet rentrés d’un tour du monde d’un an en famille il y a deux mois sans même vivre la phase d’euphorie. On ne connaît depuis que la phase déprime du retour à la vie normale… du coup on se sent beaucoup moins seuls en vous lisant et ça fait du bien!
On devrait monter une association d’ex-tourdumondistes unanimes, on remplirait des stades entiers ahah ! Le seul remède pour palier à cette déprime post voyage est de repartir en voyage. De toute façon c’est incurable alors faut faire avec 😉
Merci pour votre commentaire et à bientôt 🙂
On part en novembre et j’ai déjà lu votre article sur le blues du retour hihi !
Votre blog est une mine d’or, merci !
Alors, c’est quoi les nouveaux projets ?
Clémence de Legoutdumonde.org
Le projet pour moi (Max) est un PVT en Nouvelle-Zélande qui débute dans 2 jours 😉
Merci et bon voyage au gout du monde alors 🙂
« Les voyageurs qui osent vous demander des conseils pour leur tour du monde en approche »
Je ne vois pas de quoi vous parlez … 🙂 Merci en tout cas d’avoir pris du temps pour cette rencontre.
On vous souhaite tout plein de bonnes choses et un bon courage pour vos futurs projets !
Oui, c’est vraiment indécent de nous narguer avec de futurs tours du monde ! Mais on peut refaire ça quand vous voulez 😉
Merci, les préparatifs avancent bien ?
ça serait un plaisir de retourner boire un verre avec vous 🙂
Les préparatifs avancent plutôt pas mal. Nous sommes passés par la case « vaccins ». Il nous en reste quelques uns histoire de faire durer le plaisir.
Sinon on a fait les devis pour les billets d’avion et l’assurance voyage.
On continue de se renseigner sur ce qu’on aimerait voir, mais on a pris vos conseils sur le fait de ne pas trop voir à l’avance et de voir sur place ou nos pieds nous mènent.
à bientôt,
Le moment d’achat du billet d’avion est assez particulier, vous verrez ! Vous avez raison de ne pas trop prévoir 😉
Ce sera avec plaisir, écrivez-nous courant juillet/août, on trouvera un soir de dispo !
A bientôt.
ça marche ! 🙂
à très vite !!
Gardez le smile les amis, vous repartirez très vite ! 😉
Très bien écrit, hilarant et réaliste : un plaisir à lire !
Bisous
On repart plus vite que très vite même, et bien accompagnée pour certaine ! 😉
Heureusement qu’on a les amis et la famille.
Merci beaucoup, bisous 🙂
Ah comme on comprend bien tout ça à 100% !
Pour faire passer cette grosse déprime (j’ai pleuré pendant 1 semaine au retour) rien ne vaut un nouveau projet voyage … Qui s’est transformé en TDM n°2 ?.
Il faut toujours y croire
Bon retour
Et puis pourquoi pas un troisième par la suite ? La vraie richesse d’un voyageur est que le monde peut alimenter ses rêves à l’infini.
Nous sommes également dans de nouveaux projets de voyage et y’a que ça de vrai ! Amusez-vous, éclatez-vous et continuez bien à rêver. Peut-être qu’on se croisera un de ces jours. 🙂
merci pour ces mots que mon fils et son amie de retour d’un grand voyage n’ont pas prononcé. …pris dans le tourbillon du retour et les nouveaux projets. …
Mots finalement pas très rassurant pour des parents ?
Le plus important, c’est qu’il y ait de nouveaux projets. On espère que nos mots vous ont aidé à comprendre. Merci pour votre commentaire 😉
Merci d’avoir mis des mots sur ce qu’on ressent au retour !
En pleine recherche de job après le retour, ça pas la meilleure période !
Ce n’est clairement pas la meilleure période mais il faut garder le cap sur de nouveaux projets de voyage (ou autre …). Bon courage et merci ! 🙂